Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/266

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et appuyant sa main, sans le savoir, sur le bras de Blunt ; j’ai entendu un bruit de fer tombant sur le pont.

— Calmez-vous, ma chère miss Effingham, calmez-vous, je vous en supplie. Nous sommes venus pour éveiller ces messieurs.

— Qu’est-il donc arrivé ? Ne me cachez rien, Powis, je puis tout entendre ; oui, je crois que j’en suis en état.

— Je crois que votre imagination vous exagère le danger.

— Sommes-nous plus près de la côte ?

— Il n’y a rien à craindre à ce sujet ; la mer est calme, et nos amarres sont bonnes.

— Les embarcations ?

— Reviendront certainement en temps convenable.

— Sûrement, dit Ève, reculant d’un pas, comme si elle eût vu un monstre, sûrement, ce ne sont pas les Arabes ?

— Ils ne peuvent entrer dans ce bâtiment, quoique nous en ayons vu rôder quelques-uns dans les environs : cependant, sans la vigilance de M. Sharp, nous aurions pu être surpris pendant la nuit. Quoi qu’il en soit, nous sommes avertis, et je ne doute guère que nous ne soyons en état d’intimider, jusqu’au retour du capitaine Truck, le petit nombre de barbares qui se sont montrés.

— Je vous remercie donc du fond de l’âme, sir George Templemore, dit Ève en s’adressant à M. Sharp, et vous recevrez les remerciements d’un père pour un tel service, joints aux prières de tous ceux qui vous ont tant d’obligation.

— Quoique j’attache tant de prix, miss Effingham, à ce que vous voulez bien me dire, que j’ai à peine le courage de chercher à mettre des bornes à votre gratitude, la vérité me force à lui donner une direction plus juste. Sans la présence d’esprit et la promptitude de M. Blunt, qu’il paraît que je dois à présent nommer Powis, nous serions tous à présent esclaves des Arabes.

— Nous ne chercherons pas à savoir lequel de vous, Messieurs, mérite le plus notre reconnaissance ; vous avez l’un et l’autre droit à nos bien sincères remerciements. Si vous voulez aller éveiller mon père et M. John Effingham, j’éveillerai mademoiselle Vielfville, Nanny et ma femme de chambre. Personne ne doit dormir dans un pareil moment.

Les deux jeunes gens allèrent appeler les deux cousins à la porte de leur chambre, et retournèrent ensuite sur le pont ; car ils sentirent que la prudence ne leur permettait pas de le quitter longtemps en pareilles circonstances. Cependant tout était tranquille, et l’examen le plus attentif ne put découvrir personne sur le récif.