Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/340

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y lut plusieurs passages offensants pour le pays natal de M. Howel. L’un de ces passages était : « Le premier jouet de l’Amérique est la queue du serpent à sonnettes. » Que pensez-vous de cette assertion, monsieur Howel ? lui dit-elle ensuite ; la croyez-vous vraie ?

— Oh ! ce n’est qu’une plaisanterie ; c’est tout simplement un trait d’esprit.

— Et qu’en pensez-vous comme trait d’esprit ?

— Certainement je ne dirai pas que ce soit une perle de la plus belle eau ; mais les plus grands esprits sont sujets à des inégalités, et ne sont pas toujours également heureux dans leurs plaisanteries.

— Et que direz-vous de cet autre passage ? demanda mistress Bloomfield après avoir lu quelques lignes dans lesquelles l’écrivain disait positivement que les dépenses du département civil du gouvernement des États montaient à une somme six fois plus forte que ce qu’il coûte réellement.

— Notre gouvernement paie si mal ses employés, que j’attribue cette erreur à la générosité de l’écrivain.

— Eh bien ! continua la dame en souriant ; en voici un autre dans lequel cet écrivain affirme que le congrès a porté une loi pour détendre de construire des vaisseaux au-dessus d’un certain port, afin de plaire à la démocratie, et que le pouvoir exécutif a éludé cette loi et en a fait construire d’un port beaucoup plus considérable ; tandis qu’il existe au contraire une loi qui ordonne qu’il ne soit construit aucun vaisseau au-dessous du port de soixante-quatorze canons ; information que, soit dit en passant, je tiens de M. Powis.

— C’est ignorance, Madame. On ne peut supposer qu’un écrivain anglais connaisse toutes les lois d’un pays étranger.

— Et pourquoi donc a-t-il l’audace de faire de fausses assertions, qui tendent à décréditer ce pays ? — Mais en voici un autre : « Dix mille des hommes qui ont combattu à Waterloo auraient traversé toute l’Amérique septentrionale. » Croyez-vous cela ; monsieur Howel ?

— Ce n’est qu’une opinion, mistress Bloomfield. Tout homme peut se tromper dans ses opinions.

— Cela est vrai ; mais c’est une opinion énoncée en l’an de grâce 1828, après les batailles de Bunker’s hill, de Monmouth, de Plattsburg, de Saratoga, et de la Nouvelle-Orléans, et après qu’il