Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/366

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quelque nom que vous lui donniez, pourquoi persistez-vous à me donner encore celui de Powis ?

— Ce nom me sera toujours précieux ; vous me privez de mes droits en me refusant un changement de nom. La moitié des jeunes personnes de ce pays se marient pour le plaisir d’être appelées mistress une telle au lieu de miss une telle, et vous me condamnez à rester toute ma vie Ève Effingham.

— Si vous avez des objections à faire contre ce nom, je puis continuer à m’appeler Powis ; j’ai porté ce nom si longtemps que j’y ai presque acquis un droit légal.

— Non en vérité ; — vous êtes un Effingham, et vous devez être connu pour un Effingham. Que mon sort est heureux ! je n’aurai pas même le chagrin de me séparer de mes anciens amis lors du plus grand événement de ma vie ; et mon domicile après mon mariage sera le même que celui de mon enfance.

— Je vous dois tout, ma chère Ève ; mon nom, mon bonheur, et même un domicile.

— Je n’en sais rien. À présent qu’on sait que vous êtes l’arrière-petit-fils d’Édouard Effingham, vous auriez autant de chances que moi pour être propriétaire du wigwam, si chacun de nous regardait d’un côté différent pour chercher le bonheur en mariage.

— Un arrangement de cette sorte ne serait pas difficile à faire ; car M. John Effingham pourrait aisément indemniser une fille de la perte de sa maison et de ses terres, au moyen de la somme considérable qu’il a placée dans les fonds publics.

— J’envisage cela sous un tout autre jour ; vous étiez l’héritière de M… de mon père, — comme ce nom de père sonne étrangement à mes oreilles ! — Vous étiez l’héritière que mon père avait choisie, et je vous devrai donc toute ma fortune, indépendamment de votre cœur et de votre foi, qui sont un trésor.

— En êtes-vous bien certain, ingrat ? M. John Effingham, — mon cousin John, — ne vous avait-il pas adopté pour son fils, même avant de connaître le lien naturel qui vous unit à lui ?

— Je ne puis le nier ; car je vois que vous êtes instruite de la plupart des choses qui se sont passées entre nous. Mais j’espère qu’en vous parlant des offres qu’il m’a faites, mon père n’a pas oublié de vous dire à quelles conditions je les avais acceptées.

— Il vous a rendu toute justice ; car il m’a informée que vous aviez stipulé qu’il ne changerait rien à son testament, et que l’hé-