senti à se jeter sur un des lits de paille préparés pour les soldats, ne tarda pas à s’endormir d’un profond sommeil. L’Indienne se coucha près d’elle, et l’île entière se trouva plongée dans une tranquillité aussi complète que si le domaine des forêts n’avait jamais été envahi par l’homme.
Lorsque Mabel s’éveilla, les rayons du soleil brillaient à travers les meurtrières, et le jour était fort avancé. Sa compagne dormait à ses côtés aussi paisiblement que si elle eût reposé sur — nous ne dirons pas de l’édredon, car la civilisation supérieure de notre époque repousse la comparaison ; — mais sur un matelas français, et aussi profondément que si l’inquiétude lui eût toujours été étrangère. Les mouvements de Mabel éveillèrent bientôt une femme habituée à la vigilance, et toutes deux prirent un aperçu de ce qui se passait autour d’elles, grâce aux meurtrières qui déjà leur avaient été si utiles.
CHAPITRE XXIII.
La tranquillité de la nuit précédente continua pendant la journée qui suivit. Mabel et Rosée-de-Juin allaient à chaque instant aux diverses meurtrières et n’apercevaient pas un être vivant dans l’île. Il y avait un feu à demi éteint sur le lieu où Mac-Nab et ses compagnons avaient apprêté leur dîner, et la fumée s’élevait encore en spirale, comme une amorce pour attirer les absents. Autour des huttes tout respirait l’ordre et l’arrangement. Mabel tressaillit, lorsque ses regards tombèrent enfin sur un