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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/144

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avec une ardeur qui ne leur avait pas permis de remarquer qu’il s’était retiré à quelques pas.

— Je dirai à Votre Altesse tout ce qu’elle désire savoir, répondit Colomb à une question d’Isabelle. J’espère atteindre les terres du Grand-Khan, descendant du monarque que les Polo ont vu en ce pays ; et à cette époque, toute la cour, en y comprenant le souverain lui-même, montrait un grand désir d’embrasser la religion de Jésus-Christ ; Les saints livres des prophètes nous annoncent que le temps doit arriver où toute la terre adorera le vrai Dieu vivant ; et d’après des signes et des indices qui sont visibles pour ceux qui les cherchent, il paraît que ce temps est proche, ce qui remplit d’espérance ceux qui honorent Dieu et qui veulent sa gloire. Pour réunir tant et de si vastes contrées dans le giron de l’Église, il ne faut qu’une foi constante, soutenue par les efforts des prêtres et par la main des princes.

— Cela semble assez probable, dit la reine, et puisse la Providence nous guider dans cette grande entreprise de manière à ce que tel en soit le résultat ! — Ces Polo étaient-ils de pieux missionnaires, Señor ?

— Ils n’étaient que des voyageurs, Señora ; des hommes qui cherchaient leur propre avantage, mais qui pourtant n’oubliaient pas leurs devoirs de religion. Il peut être à propos de commencer par planter la croix dans les îles, pour répandre ensuite la vérité sur tout le continent. L’île de Cipango est située très-favorablement pour le commencement de cette œuvre glorieuse, qui, sans doute, s’accomplira avec la rapidité d’un miracle.

— Sait-on si ce Cipango produit des épices, ou quelque chose qui puisse servir à remplir un trésor épuisé, et à nous indemniser de tant de dépenses et de risques ? demanda le roi assez mal à propos pour le zèle des deux autres interlocuteurs.

Cette question parut faire quelque peine à Isabelle, car le trait dominant du caractère de Ferdinand lui faisait souvent sentir ce qu’éprouve une femme pleine d’affection pour son mari, quand elle le voit penser, parler ou agir autrement que ne le désireraient son cœur ardent et ses penchants vertueux ; mais il ne lui échappa aucun autre signe de cette émotion passagère.

— Votre Altesse, répondit Colomb, d’après la relation de Marco Polo, le monde entier ne contient pas une île plus riche. Il s’y trouve surtout de l’or en abondance, et ni les pierres précieuses ni les perles n’y sont rares. Mais cette riche contrée n’est