trouva dont la foi fut chanelante à l’instant où ses prédictions allaient s’accomplir ; et la plupart des réformateurs ne prennent jamais un ton si positif et si assuré que lorsqu’ils combattent pour leurs principes, de même qu’ils ne sont jamais si incertains et si timides que lorsqu’ils sont sur le point de mettre à exécution les plans qu’ils ont conçus depuis longtemps. Nous pouvons voir en tout cela une sage disposition de la Providence, qui nous donne du zèle pour surmonter les difficultés, et de la prudence quand la modération et la circonspection deviennent des vertus plutôt que des défauts.
Quoique Luis de Saint-Angel et son ami se communiquassent ainsi leurs opinions avec toute liberté, ils n’en conservèrent pas moins leurs anciens sentiments. Leurs doutes étaient passagers, et ils y attachaient peu d’importance. Quand ils se trouvaient en présence de Colomb, l’enthousiasme calme, mais ferme et profond, de cet homme extraordinaire, ne manquait jamais de les ramener à ses opinions, comme il y entraînait la plupart de ceux qui l’écoutaient.
CHAPITRE X.
ès qu’Isabelle eut donné sa parole royale d’accorder son
appui à Colomb dans sa grande entreprise, il ne put exister aucun
doute raisonnable que l’expédition ne mît à la voile, quoique peu
de personnes en attendissent des résultats importants. La conquête du royaume de Grenade paraissait alors quelque chose
de bien plus glorieux que ne pouvait l’être aucune des suites
probables de cette aventure, et le puissant intérêt qu’inspirait la
chute de la domination des Maures en Espagne faisait presque
oublier la merveille bien plus grande qui se préparait.
Il y avait pourtant un jeune cœur, plein de générosité, dont toutes les espérances se concentraient sur le succès de ce grand