Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/274

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les employer avec avantage, il est nécessaire de les comprendre. Je regarde ce phénomène comme une preuve que notre voyage aura pour résultat des découvertes d’une grandeur inouïe, et parmi lesquelles se trouvera peut-être un fil qui conduira à l’explication des mystères de l’aiguille aimantée. Les richesses minérales de l’Espagne diffèrent, à certains égards, des richesses minérales de la France, car, quoique certaines choses soient communes à toute la terre, il en est qui sont particulières à certains pays. Nous pouvons trouver des régions où la pierre d’aimant abonde ; ou peut-être sommes-nous en ce moment dans le voisinage de quelque île qui exerce sur nos boussoles une influence que nous ne pouvons expliquer

— Sait-on si quelque île a jamais produit cet effet sur l’aiguille ?

— Non, et je ne crois même pas que cela soit très-probable, quoique tout soit possible. Mais nous attendrons avec patience de nouvelles preuves que ce phénomène est réel et permanent, avant de raisonner davantage sur une chose si difficile à comprendre.

Il ne fut plus question de ce sujet, mais une circonstance si extraordinaire fit que le grand navigateur passa la nuit dans l’inquiétude et les réflexions. Il dormit peu, et son œil fut souvent fixé sur la boussole ou le compas renversé qui était dans sa chambre ; — car tel est le nom que donnent les marins à l’instrument qui apprend au commandant la route de son bâtiment, même quand le timonier ne se doute pas qu’il est sous l’inspection de son officier.

Colomb se leva d’assez bonne heure pour revoir l’étoile polaire avant que son éclat fût terni par le retour de la lumière, et il fit avec soin une nouvelle comparaison de la position d’un corps céleste qui lui était si familier avec la direction des aiguilles aimantées. Cet examen lui donna la preuve d’un léger accroissement de la variation, et tendit à confirmer les observations de la nuit précédente. Le résultat de ses calculs fut que ses bâtiments avaient fait près de cent milles dans les dernières vingt-quatre heures ; et il crut alors être à environ six fois cette distances à l’ouest de l’île de Fer, quoique les pilotes eux-mêmes ne s’en crussent pas à beaucoup près si loin.

Comme Sancho garda son secret, et que les yeux des autres timoniers n’étaient pas aussi vigilants que les siens, cette circon-