obligée de faire un détour pour gagner Palos ; mais c’était une faible distance, et le voyage ne fut pas fertile en incidents. Colomb avait exécuté son vaste dessein, et son succès n’était plus un secret. Sa réception en Portugal est connue, ainsi que les principales circonstances qui eurent lieu à Lisbonne. Il jeta l’ancre dans le Tage, le 4 mars, et quitta ce fleuve le 13. Dans la matinée du 14, la Niña était à la hauteur du cap Saint-Vincent. Alors elle fit voile vers l’est avec une légère brise du nord. Le 15, au soleil levant, elle passa de nouveau la barre de Saltès, après une absence de deux cent vingt-quatre jours seulement.
CHAPITRE XXVI.
e voyage, malgré les nobles idées et le profond génie qu’il
avait fallu pour le concevoir, la persévérance et le dévouement
nécessaires pour l’accomplir, et les magnifiques conséquences
qui dépendaient de son succès, n’excita un peu d’attention, au
milieu des événements remarquables et de l’égoïsme actif de ce
siècle, que lorsque le résultat en fut connu. Le mémorable édit
des deux souverains, pour l’expulsion des juifs, avait été signé
un mois seulement avant l’arrangement conclu avec Colomb, et
cette expatriation d’une si grande partie de la nation espagnole
était elle-même un événement capable de détourner l’attention
d’une entreprise douteuse et qui n’était soutenue que par des
moyens aussi insignifiants que ceux du grand navigateur. La fin
du mois de juillet avait été désignée comme le dernier terme du
départ de ces hommes persécutés. Ainsi, dans le même temps et