gracieuse et charmante enveloppe, qui conservait encore la touchante impression des émotions qui l’avaient agitée pendant les derniers instants de son séjour sur la terre.
Ainsi s’échappa la première de ces âmes que la découverte du Nouveau-Monde devait sauver de la perdition du paganisme. Le casuiste peut controverser, le savant discuter, le religieux réfléchir sur son destin probable dans le monde inconnu qui l’attendait ; mais l’homme bon et soumis espère tout de la clémence d’un Dieu de miséricorde. Quant à Isabelle, le choc qu’elle ressentit diminua de beaucoup le triomphe qu’elle se promettait du succès de son zèle et de ses efforts. Elle était pourtant bien loin de prévoir que cet événement n’était que le prélude des mécomptes qui allaient bientôt accompagner la propagation de la religion du Christ dans les contrées nouvellement découvertes, et une sorte de présage pratique de la ruine dont étaient menacées la plupart des espérances les plus douces et des désirs les plus ardents de son cœur.
CHAPITRE XXXI.
éclat qui entourait l’expédition de Colomb mit en vogue
les voyages maritimes. On ne regarda plus les navigations de long
cours comme une carrière inférieure et peu convenable aux
nobles ; ce penchant de don Luis, qu’on avait si souvent blâmé
durant les années précédentes, était devenu l’objet de tous les
éloges. Bien que ses relations réelles avec Colomb n’aient été
révélées pour la première fois que dans les pages que l’on vient
de lire, cette circonstance ayant échappé aux recherches superficielles
des historiens, c’était un avantage pour lui d’être connu
comme ayant manifesté ce qui pouvait s’appeler une vocation
maritime, dans un siècle où la plupart des hommes de son rang
se contentaient des excursions sur la terre ferme. L’Océan devenait
à la mode, et le chevalier qui avait contemplé son étendue