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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/49

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devoirs des princes. — Vous avez lu sans doute, à plusieurs reprises, les articles du traité de mariage, et vous y avez suffisamment réfléchi ?

— J’en ai eu tout le loisir, cousine, car il y a neuf mois qu’ils ont été signés.

— Si je vous ai paru exigeante sur certains points, ajouta Isabelle avec cette aimable simplicité qui marquait sa conduite en toute occasion, c’est parce qu’il ne faut pas négliger les devoirs de la souveraineté. Vous savez, Ferdinand, quelle influence le mari a coutume d’obtenir sur sa femme, et vous sentirez la nécessité où je me trouve de protéger complètement mes Castillans contre ma propre faiblesse.

— Si vos Castillans n’ont à souffrir que par suite de cette cause, doña Isabelle, ils seront véritablement bien heureux.

— C’est un propos galant, Ferdinand, et je ne puis approuver que vous m’en adressiez quand il s’agit d’un sujet si sérieux. Je suis plus âgée que vous de quelques mois, et j’userai des droits d’une sœur aînée jusqu’à ce que je les perde en me soumettant aux devoirs d’une épouse. Vous avez vu dans ces articles avec quel soin j’ai protégé mes Castillans contre toute suprématie étrangère. Vous savez qu’un bon nombre de grands de ce royaume sont opposés à notre union de peur de tomber sous la domination de l’Aragon ; et vous avez remarqué avec quel zèle j’ai cherché à calmer leurs craintes.

— Vos motifs ont été compris, doña Isabelle ; et vos désirs à cet égard, comme à tout autre, seront respectés.

— Je désire être votre épouse fidèle et soumise, continua la princesse en le regardant d’un air grave, mais plein de douceur, mais je désire aussi que la Castille conserve ses droits et son indépendance. Quelle sera votre influence sur celle qui vous accorde volontairement sa main, c’est ce que je ne puis dire ; mais nous devons maintenir la séparation qui existe entre les deux couronnes.

— Fiez-vous à moi, ma cousine ; ceux qui vivront dans cinquante ans diront que Ferdinand a su respecter ses obligations et s’acquitter de ses devoirs.

— Il y a aussi la stipulation de faire la guerre aux Maures ; il ne me semblera jamais que les chrétiens d’Espagne ont été fidèles à leur foi, tant qu’il y restera un sectateur de l’imposteur de la Mecque.

— Vous et votre archevêque vous n’auriez pu m’imposer un