Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 19, 1842.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
261
OU LE TUEUR DE DAIMS.

qui lui étaient accordés, et elle réussit à pousser un cri qui alarma le camp. Deerslayer entendit le bruit que firent les guerriers en se levant avec précipitation, et un moment après il en vit paraître trois ou quatre sur le haut de la colline, rangés en avant d’un arrière-plan lumineux, et ressemblant aux ombres de la fantasmagorie. Il était temps que le chasseur battit en retraite. Donnant un croc-en-jambes à la vieille, et lui serrant la gorge plus que jamais pour lui faire ses adieux, tant par politique que par ressentiment de l’effort qu’elle avait fait pour donner l’alarme, il la laissa étendue sur le dos, et se mit à courir vers les buissons, sa carabine en main, et sa tête tournée sur une épaule comme un lion aux abois.



CHAPITRE XVII.


Là, vous autres saints sages, voyez vos lumières et vos astres ; vous avez voulu être dupes et victimes, et vous l’êtes. Cela vous suffit-il ? ou faut-il que je vous trompe de nouveau, tandis que le frisson vit encore dans vos cœurs si sages ?


Le feu, la pirogue, et la source près de laquelle Deerslayer commença sa retraite, auraient formé les angles d’un triangle presque équilatéral. La distance du feu à la pirogue était un peu moindre que celle du feu à la source, tandis que la distance de la source à la pirogue était à peu près égale à celle qui séparait les deux premiers points qui viennent d’être désignés. Cependant ces distances sont ainsi calculées en droite ligne, ligne que les fugitifs ne pouvaient suivre, car ils furent obligés de faire un détour pour se mettre à couvert dans les buissons, et de suivre ensuite la courbe que décrivait le rivage. Ce fut avec ce désavantage que le jeune chasseur battit en retraite, désavantage qu’il sentit d’autant mieux, qu’il connaissait les habitudes de tous les Indiens, qui manquent rarement, dans les cas d’alarme soudaine, et surtout quand ils sont au milieu d’un couvert, de faire suivre sur les flancs les ennemis qu’ils poursuivent, afin de les rencontrer sur tous les points, et s’il est possible, de leur couper la retraite. Il crut possible qu’ils eussent adopté en ce moment quelque expédiant semblable, car il entendait le bruit de leurs pieds, non-seulement derrière lui, mais sur