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OU LE TUEUR DE DAIMS.

ware cessa ses efforts infructueux pour s’éloigner davantage à l’aide des avirons, il pouvait s’être passé trois à quatre minutes ; mais ce court espace de temps avait évidemment affaibli les combattants. On n’entendait plus les jurements et les exécrations de Hurry ; la lutte semblait même avoir perdu quelque chose de sa force et de sa fureur, mais elle n’en continuait pas moins sans interruption. En cet instant la porte s’ouvrit, et le combat se renouvela sur la plate-forme, au grand jour et en plein air.

Un Huron avait réussi à ouvrir la porte, et deux ou trois de ses compagnons s’étaient précipités après lui sur la plate-forme, comme s’ils eussent voulu échapper à quelque scène terrible qui se passait dans intérieur. Au même instant, le corps d’un autre sauvage fut lancé à travers la porte sur la plate-forme, avec une force effrayante. March parut ensuite, furieux comme un lion aux abois, et délivré pour un moment de ses nombreux ennemis. Hutter était déjà prisonnier et garrotté. Il y eut alors une pause, semblable à un moment de calme dans une tempête. Tous les combattants avaient également besoin de respirer ; et ils se regardaient les uns les autres comme des mâtins qu’on a empêchés de se battre, et qui attendent l’occasion de recommencer. Nous profiterons de cette pause pour faire connaître au lecteur la manière dont les Indiens s’étaient emparés du château, d’autant plus qu’il peut être nécessaire de lui expliquer pourquoi un combat qui avait été si acharné n’avait pas encore fait couler de sang.

Rivenoak et son compagnon, particulièrement le dernier, qui avait paru être un subordonné entièrement occupé de son radeau, avaient tout observé avec le plus grand soin pendant leurs visites au château. Le jeune homme même avait rapporté avec lui des renseignements exacts et minutieux. C’était par ce moyen que les Hurons avaient obtenu une idée générale de la manière dont le château avait été construit et fortifié, et des détails qui les mettaient en état d’agir avec intelligence pendant obscurité. Malgré la précaution qu’avait prise Hutter de placer l’arche à l’est du bâtiment quand il y avait transporté le mobilier de la maison, il avait été surveillé de manière à la rendre inutile. Des espions avaient été placés sur les deux rives du lac, et ils avaient vu tout ce qui s’était passé à cet égard. Dès que la nuit fut venue, deux radeaux, semblables à celui dont la description a déjà été faite, partirent des deux rives pour faire une reconnaissance, et l’arche avait passé à cinquante pieds de l’un d’eux sans l’apercevoir, les Indiens qui s’y trouvaient s’étant étendus sur les troncs d’arbres, de manière que