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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 19, 1842.djvu/312

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CHAPITRE XX.


J’ai fait tout ce qu’un homme peut faire, et j’ai tout fait en vain ! Mon amour, ma patrie, adieu ! car il faut que je passe la grande mer, ma chère, il faut que je passe la grande mer.
Ballade écossaise.


Nous avons laissé, dans le dernier chapitre, les combattants reprenant haleine. Accoutumé aux amusements grossiers de la lutte et du saut, alors si communs en Amérique, et surtout sur les frontières, Hurry, indépendamment de sa force prodigieuse, avait un avantage qui avait rendu le combat moins inégal qu’il ne pourrait le paraître. Cela seul l’avait mis en état de résister si longtemps à un si grand nombre d’ennemis, car l’Indien n’est nullement remarquable par sa force et son adresse dans les exercices gymnastiques. Jusqu’à ce moment, personne n’avait été sérieusement blessé, quoique plusieurs sauvages eussent été rudement renversés, et que celui qui avait été jeté, par la porte, sur la plate-forme, fut momentanément hors de combat. Quelques autres boitaient, March lui-même avait reçu quelques contusions ; mais le besoin de respirer était commun à tous.

Dans les circonstances où se trouvaient les deux partis, une trêve, quelle que pût en être la cause, ne pouvait être de longue durée. L’arène était trop étroite, et la crainte de quelque perfidie trop grande pour le permettre. Contre ce qu’on pouvait attendre de lui dans sa situation, Hurry fut le premier à recommencer les hostilités. Que ce fut par politique, et dans l’idée qu’une attaque soudaine et inattendue pourrait lui procurer quelque avantage, ou par suite de son irritation et de sa haine invétérée contre les Indiens, c’est ce qu’il est impossible de dire. Quoi qu’il en soit, il attaqua avec fureur, et dans le premier moment tout céda devant lui. Il saisit au corps le Huron le plus près de lui, l’enleva de terre, et le jeta dans l’eau comme un enfant. En une demi-minute, deux autres le suivirent, et l’un d’eux fut assez grièvement blessé en tombant sur celui de ses compagnons qui l’avait précédé. Il lui restait quatre autres ennemis, et dans un combat dans lequel on n’employait