Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/117

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se trouvera mieux que vous du service de cette journée.

— J’espère, capitaine, que ni lui ni moi nous n’aurons le chagrin de devoir notre avancement à la mort d’un camarade et d’un ami. On assure que Sitgreaves a fait un rapport favorable de ses blessures.

— Je le désire de toute mon âme, s’écria Lawton ; malgré son menton presque imberbe, Singleton a un courage digne d’un vétéran ; mais ce qui me surprend, c’est que, quoique nous soyons tombés tous deux au même instant, nos gens se soient si bien comportés.

— Je devrais vous remercier du compliment, mais ma modestie s’y oppose. Au surplus, j’ai fait ce que j’ai pu pour les arrêter, mais je n’ai pu y réussir.

— Comment, pour les arrêter ? s’écria le capitaine ; arrêter des dragons au milieu d’une charge !

— Il me semblait qu’ils ne la dirigeaient pas du côté convenable, répondit le subalterne un peu sèchement.

— Ah ! c’est notre chute qui leur avait fait faire un quart de conversion.

— Que ce soit votre chute ou la crainte d’être exposés à en faire une comme vous, il est certain que nous étions dans un désordre admirable quand le major est arrivé fort à propos pour nous rallier.

— Dunwoodie ! comment donc ! Il était occupé à tailler des croupières aux Hessois ?

— Oui ; mais, après les avoir taillées, il arriva au petit galop avec les deux autres compagnies et se plaçant entre nous et l’ennemi avec cet air impérieux qu’il sait prendre quand il est animé, il nous remit en ligne en un clin d’œil. Ce fut alors, ajouta le lieutenant avec chaleur, que nous envoyâmes John Bull dans les broussailles. Ah ! ce fut une belle charge !

— Diable, s’écria Lawton avec dépit, quel spectacle j’ai perdu !

— Vous dormiez pendant tout ce temps dit Mason ironiquement.

— Oui, répondit le capitaine en soupirant, rien n’était visible pour le pauvre George Singleton ni pour moi. Mais, Tom, que dira la sœur de George à cette jolie fille à cheveux blonds qui est là-bas dans cette maison blanche ?

— Elle se pendra avec ses jarretières. J’ai pour mes officiers supérieurs le respect que je leur dois, mais je dis que deux anges