sautant par la fenêtre pour aller trouver son coursier qui était encore à la porte, sellé et bridé. Son mouvement fut aussi vif que la pensée, mais il n’avait pas encore fait un pas, quand il vit un éclair qui fut suivi du sifflement d’une balle. Il venait de sauter sur sa selle, quand un grand cri partit de l’appartement qu’il venait de quitter. Le tout fut l’affaire d’un instant.
— À cheval ! dragons, à cheval ! suivez-moi ! s’écria Lawton d’une voix de tonnerre ; et avant que ses soldats eussent eu le temps de bien comprendre la cause de cette nouvelle alarme, Roanoke avait déjà franchi une haie qui le séparait de son ennemi. Il poursuivit le fugitif comme si sa vie ou sa mort en eussent dépendu ; mais les rochers étaient encore à trop peu de distance, et le capitaine désappointé vit sa victime lui échapper en gagnant les hauteurs coupées de fentes et de crevasses, où il lui était impossible de le suivre.
— Par la vie de Washington ! murmura Lawton en remettant son sabre dans le fourreau, je l’aurais fendu en deux s’il n’avait pas eu le pied si agile ; mais un jour viendra. À ces mots, il retourna vers la maison avec l’indifférence d’un homme qui sait que sa vie peut à chaque instant être offerte en sacrifice à son pays. Le bruit d’un tumulte extraordinaire lui fit doubler le pas, et en arrivant à la porte, Katy, pâle de terreur, lui apprit que la balle dirigée contre lui-même avait frappé la poitrine de miss Singleton.
CHAPITRE XXIV.
L’appartement que les dragons avaient préparé à la hâte pour les dames était composé de deux pièces contiguës, dont l’une devait leur servir de chambre à coucher. On transporta sur-le-champ Isabelle dans celle-ci à sa propre demande, et on la plaça sur un mauvais lit à côté de Sara qui ne parut pas s’en apercevoir. Quand miss Peyton et Frances coururent pour lui donner des secours, le sourire qu’elles virent sur ses lèvres, : et le calme qu’exprimait