Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/315

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— Êtes-vous certain, demanda l’autre juge à M. Wharton, que votre fils n’avait pas reçu une mission secrète de sir Henry Clinton, et que sa visite chez vous n’était pas un prétexte pour la couvrir ?

— Comment pourrais-je le savoir ? répondit le père craignant de se trouver lui-même compromis ; croyez-vous que sir Henry Clinton m’en aurait fait confidence ?

— Et savez-vous comment il s’est procuré ce laisser-passer ? continua le même juge en lui montrant la pièce que Henry avait fait voir au major Dunwoodie et que celui-ci avait gardée.

— Non, sur mon honneur.

— En ferez-vous serment ?

— J’en fais serment.

— Avez-vous quelque autre témoin à faire entendre, capitaine Wharton ? Cette déposition ne peut vous être utile. Vous avez été arrêté dans des circonstances qui compromettent votre vie ; c’est sur vous que repose la tâche de prouver votre innocence. Prenez le temps d’y réfléchir, et ayez du sang-froid.

Le ton calme de ce juge était si effrayant, qu’Henry sentit un frisson involontaire. L’air de compassion du président lui faisait oublier le danger qu’il courait ; mais la physionomie froide et impassible des autres juges semblait lui annoncer son destin. Il garda le silence et jeta un regard expressif sur Dunwoodie. Son ami le comprit et demanda à être entendu comme témoin. On lui fit prêter serment, et l’on entendit sa déposition ; mais elle ne changea pas l’aspect de l’affaire car ce qu’il en savait se bornait à bien peu de chose, et était plus défavorable qu’utile à Henry. On l’écouta en silence et un mouvement de tête presque imperceptible n’annonça que trop clairement l’effet qu’il avait produit.

— Et vous croyez fermement que le prisonnier n’avait d’autre dessein que celui qu’il a avoué ? demanda le président au major, quand il eut cessé de parler.

— Je le garantirais sur ma vie.

— En prêteriez-vous serment ? lui demanda l’autre juge.

— Comment le puis-je ? Dieu seul lit dans le fond des cœurs. Mais j’affirme sous serment que je connais le capitaine Wharton depuis son enfance, et que je l’ai toujours vu agir honorablement. Il est au-dessus d’une bassesse.

— Vous dites qu’il s’est échappé, et qu’il a été repris les armes à la main, dit le président.

— Il a même été blessé dans le combat. Vous voyez qu’il porte