Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

droite. Le capitaine Wharton proposa encore de descendre de cheval et d’entrer dans le taillis.

— Pas encore, dit Birch à voix basse, pas encore. Du haut de cette montagne, la route descend par une pente aussi rapide. Gagnons-en d’abord le sommet. Tout en parlant ainsi ils arrivèrent enfin sur la cime, et toux deux alors mirent pied à terre. Henry s’enfonça dans d’épaisses broussailles qui couvraient les flancs de la montagne jusqu’à quelque distance au-dessus d’eux. Harvey s’arrêta un instant pour donner à leurs chevaux quelques coups de houssine qui les firent descendre grand train du côté opposé à celui par lequel ils étaient arrivés, après quoi il rejoignit son compagnon.

Le colporteur entra dans le taillis avec précaution, et en évitant d’en casser des branches, et même d’y toucher, de crainte de faire du bruit. À peine avait-il eu le temps de se dérober à la vue, qu’un dragon arriva sur le haut de la montagne et s’écria : — Je viens d’entrevoir un de leurs chevaux qui descend de ce côté.

— En avant, mes amis en avant ! s’écria Mason. Faites quartier à l’Anglais, mais sabrez le colporteur, et qu’on n’en entende plus parler.

Henry sentit son compagnon lui serrer le bras avec force et trembler de tous ses membres en écoutant cet ordre redoutable, et ils entendirent passer une douzaine de cavaliers courant avec une rapidité qui prouvait combien peu le cheval du colporteur et le sien auraient été en état de les mettre à l’abri de la poursuite de ces dragons.

— Maintenant, dit le colporteur en se levant pour faire une reconnaissance, et, après un instant d’incertitude, ils descendent d’un côté et nous allons monter de l’autre. Remettons-nous en marche.

— Mais ils nous suivront, ils entoureront cette montagne, dit Henry, tout en suivant la marche rapide de son compagnon. Songez que s’ils ont des chevaux, ils ont des jambes comme nous, et dans tous les cas ils nous prendront ici par famine.

— Ne craignez rien, capitaine Wharton, répondit le colporteur avec assurance. Cette montagne n’est pas celle sur laquelle j’ai dessein de m’arrêter ; mais la nécessité a fait de moi un bon pilote au milieu de ces rochers. Je vais vous conduire où personne n’osera nous suivre. Voyez, le soleil descend déjà derrière le haut des montagnes, à l’occident ; il se passera encore plus de deux