Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/180

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qu’il est impossible de comprendre les désirs qu’il cherche à exprimer, et de les satisfaire.

— Comment se-fait-il donc, Monsieur, que sir Wycherly m’ait honoré, moi, d’une invitation à venir le voir ? demanda Reginald, persistant à questionner Tom d’une manière que celui-ci trouvait fort désagréable.

— Je présume, Monsieur, qu’il lui est arrivé de murmurer votre nom, et que, dans un tel moment, on en a conclu assez naturellement qu’il désirait de vous voir. Du reste, il a fait son testament il y a déjà quelque temps, quoique je ne sache pas même le nom de son exécuteur testamentaire ; car cet acte est sous enveloppe, cachetée du sceau de sir Wycherly. Ce ne peut donc être pour faire un testament qu’il a désiré de vous voir. Je crois plutôt que, comme vous êtes son plus proche parent, en dehors de la ligne de succession directe, il a pu vous nommer son exécuteur testamentaire, et qu’il désire vous en informer.

— Cela est possible, Monsieur, répondit sir Reginald avec son ton calme et circonspect, quoiqu’il me semble qu’il eût été plus conforme à l’usage ordinaire de me demander si je consentais à me charger d’une pareille fonction avant de me la conférer. La lettre qui m’invite à me rendre ici est signée Gervais Oakes, et comme j’ai appris qu’une escadre est à l’ancre dans cette rade, je suppose que c’est le célèbre amiral portant ce nom qui me l’a écrite.

— Vous ne vous trompez pas, Monsieur ; sir Gervais Oakes est en ce moment dans cette maison. — Ah ! le voici qui arrive pour vous recevoir, et il est accompagné du contre-amiral Bluewater, que les marins appellent son grand mât.

Cette conversation avait lieu dans le petit salon dont il a déjà été parlé, où Tom avait fait entrer sir Reginald, et où les deux amiraux entrèrent en ce moment. Les présentations étaient à peu près inutiles, l’uniforme et l’étoile de sir Gervais annonçant suffisamment son rang, et une légère connaissance existant déjà entre sir Reginald et Bluewater, par suite de leurs opinions politiques secrètes, mais profondément enracinées.

— Sir Gervais Oakes ! — Sir Reginald Wychecombe ! — furent les premiers mots qui se prononcèrent, tandis que le premier tendait la main au second d’un air cordial, et que celui-ci la touchait froidement du bout des doigts, ce qui était le résultat de son caractère, plutôt que de la mode ou du calcul. Dès que ce cérémonial eut été accompli, et que quelques mots de politesse banale y eurent été ajou-