Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des tiroirs qui contiennent les papiers du défunt ; je vous les ai remises, sir Reginald, pour faire la recherche d’un testament ; vous me les avez rendues ensuite, elles sont encore en ma possession, et je suis prêt à les remettre à qui de droit. — Les voici, sir Wycherly. Mais je vous engage à retirer du secrétaire les trois sacs de guinées qui s’y trouvent, et dont votre grand-oncle avait droit de disposer comme bon lui semblait. Tous les autres objets qui sont dans le secrétaire vous appartiennent, ainsi que la vaisselle d’argent, les voitures, chevaux, et presque tout le mobilier de la maison, le tout étant déclaré devoir tenir nature d’immeubles par l’acte de substitution.

— Je vous remercie, monsieur Furlong, et le premier usage que je ferai de ces clefs sera pour suivre votre avis. Je vous les remettrai ensuite, en vous priant de continuer à remplir les fonctions dont mon grand-oncle vous avait chargé.

À ces mots, le nouveau baronnet ouvrit le secrétaire, et mit par terre les trois sacs de guinées, en attendant qu’on leur trouvât une place plus convenable, puis remit les clefs à M. Furlong.

— Tout ce que je puis faire légalement pour vous aider à vous mettre en possession de vos droits, sir Wycherly, je le ferai avec grand plaisir, dit l’intendant, quoique je ne voie pas comment je puis transmettre plus que je ne tiens. – Qui facit per alium, facit per se, est une bonne maxime de jurisprudence, sir Reginald ; mais il faut que le commettant ait le pouvoir d’agir, avant que le mandataire puisse exercer aucune autorité. Il me paraît que cette affaire est un cas dans lequel chacune des deux parties soutient ses droits à ses risques et périls. La possession des fermes est en sûreté pour le présent, puisqu’elle se trouve entre les mains des fermiers ; mais quant à la maison et au parc, il paraît que personne n’en est encore en possession légale. C’est un cas dans lequel on peut user immédiatement de son titre.

— La loi le dit ainsi, monsieur Furlong ; et je conseille à sir Wycherly de prendre possession sur-le-champ de la clef de la porte d’entrée de cette maison, comme en étant le maître.

Dès qu’il eut entendu l’avis de sir Reginald, Wycherly sortit de la bibliothèque, suivi de tous ceux qui y étaient avec lui, traversa le vestibule, ferma la porte d’entrée de la maison, et en mit la clef dans sa poche. Il fit cet acte de prise de possession avec une fermeté qui parut produire un grand effet sur l’esprit de ceux des domestiques que les promesses de Tom avaient gagnés. En ce moment M. Furlong dit quelques mots à l’oreille de sir Reginald.