Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/385

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ce danger, faites porter de suite pour passer entre le vaisseau dégréé et l’ennemi.

— Vos instructions seront suivies, sir Gervais.

À ces mots le capitaine partit, et l’instant d’après il fut remplacé par Wycherly.

— Eh bien ! Wychecombe, je suis charmé de vous voir de retour sans accident. Si Greenly était ici, il vous demanderait des nouvelles de ses mâts, moi je suis plus pressé d’en avoir de nos vaisseaux.

— Je suis porteur de mauvaises nouvelles, sir Gervais. Il est impossible de rien voir de la hune ; mais des barres de perroquet ma vue a pu percer à travers la fumée, et je suis fâché d’avoir à vous dire que le contre-amiral français arrive rapidement avec toute son escadre sur notre hanche à bâbord. Nous l’aurons par le travers dans cinq minutes.

— Et Bluewater ? demanda sir Gervais avec la rapidité de l’éclair.

— Je n’ai pu voir aucun des vaisseaux du contre-amiral ; et connaissant l’importance de cette nouvelle, je suis descendu sur-le-champ et à l’aide d’un galhauban.

— Et vous avez très-bien fait, sir Wycherly. Chargez un midshipman de m’envoyer le capitaine Greenly, et descendez dans les batteries pour apprendre cette nouvelle aux officiers. Il faut qu’ils divisent à l’instant leurs hommes, et surtout que leur première bordée soit prompte et bien dirigée.

Wycherly obéit, et descendit avec toute l’activité que donne la jeunesse. Le midshipman trouva le capitaine entre les apôtres, et Greenly se hâta de monter sur la dunette. Le vice-amiral n’eut besoin que d’un moment pour lui expliquer la nouvelle situation des choses.

— Au nom du ciel, s’écria Greenly, que fait donc la seconde division ? Comment laisse-t-elle le contre-amiral français tomber sur nous dans un moment comme celui-ci ?

— C’est ce dont il est inutile de parler à présent, répondit sir Gervais d’un ton grave. L’affaire pressante est de nous préparer à recevoir ce nouvel ennemi. Retournez dans les batteries, et si vous faites cas de la victoire, ayez soin que la première bordée ne se perde pas dans la fumée.

Cependant le temps pressait. Greenly avala son mécontentement et disparut. Les cinq minutes suivantes furent cruelles pour sir Gervais. Il n’avait avec lui que quatre hommes sur la dunette, savoir un aide-timonnier pour les signaux, et trois Bowlderos. Ceux-ci étaient armés de mousquets, comme à l’ordinaire, quoique le vice-amiral ne permît jamais qu’on plaçât des soldats de marine dans un