Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/127

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vos parentes est morte, miss Grace Wallingford, l’amie de votre sœur ?

Il y eut moment de silence pendant lequel je respirai à peine.

— Non, pas une parente, répondit enfin Rupert ; seulement la pupille de mon père. Vous savez comment les choses se passent dans les campagnes ; c’est le ministre qui doit prendre soin de tous les malades et de tous les orphelins.

— Mais les Wallingford sont d’une classe trop élevée pour tomber ainsi à la charge de personne, dit vivement Drewett ; j’ai été chez eux, et leur habitation est vraiment très-respectable. Quant à miss Wallingford, c’était une charmante personne, et sa mort sera un coup terrible pour votre sœur, Hardinge.

Cela fut dit avec un accent si pénétré que j’aurais presque pardonné à celui qui parlait ainsi d’aimer Lucie, quoique je doute qu’il m’eût été aussi facile de lui pardonner d’être aimé d’elle.

— Oui, reprit Rupert, affectant une indifférence qu’évidemment il était loin d’éprouver ; Grace était une bonne personne, quoique, ayant toujours vécu avec elle depuis l’enfance, je la remarquasse peut-être moins qu’un autre moins habitué à la voir ne l’eût fait à ma place. Néanmoins, j’avais de l’estime pour elle, je ne m’en cache pas.

— Et qui aurait pu la connaître sans avoir pour elle autant d’estime que de respect ! ajouta Drewett, comme s’il eût été déterminé à me gagner le cœur ; et, suivant moi, elle était aussi bonne qu’aimable.

— Voilà un éloge qui n’est pas mince de la part d’un homme qui est l’admirateur déclaré de votre sœur, Hardinge, dit le troisième interlocuteur ; mais je suppose que Drewett voit la chère défunte avec les yeux de sa belle ; car miss Hardinge était intime avec elle, à ce qu’il me semble.

— C’étaient deux sœurs par l’affection qu’elles se portaient, reprit Drewett avec sentiment. L’amie de miss Hardinge ne pouvait être qu’une personne accomplie.

— Grace Wallingford était très-bien, sans doute, ajouta Rupert, comme son frère est un assez bon garçon. Quand j’étais petit, j’étais aussi intime avec lui.

— Preuve certaine de son mérite et de ses vertus, dit l’inconnu en riant. Mais si c’est une pupille, il doit y avoir de la fortune. Je crois avoir entendu dire que ces Wallingford étaient à leur aise.