m’éveillai, le soleil avait déjà paru sur l’horizon. Je sautai debout, et je jetai en toute hâte un regard autour de moi. Le vent était toujours nord-est, mais ce n’était plus qu’une brise ordinaire ; les ondulations de la mer avaient repris leur régularité ; et un plus beau jour ne s’était jamais levé sur l’Atlantique. Je plongeai avidement les yeux du côté sous le vent, mais je ne vis rien. Du haut de la grande hune, je ne fus pas plus heureux. C’était pourtant bien sous le vent que les débris devaient être, à la manière dont l’Aurore se trouvait au vent. Mais elle avait dû gagner considérablement de l’avant depuis les douze dernières heures, et il était presque aussi certain qu’elle était à une grande distance au sud de la masse flottante, le cap étant resté dans cette direction depuis le moment où elle avait été jetée sur le côté. Mon premier soin devait donc être de la placer vent arrière, après quoi je pourrais m’efforcer de gouverner au nord, pour courir la chance de rencontrer les débris. Si je retrouvais Marbre, nous aurions du moins la triste consolation de périr ensemble !
CHAPITRE XXII.
entant la nécessité de rassembler toutes mes forces, je pris un
peu de nourriture avant de me mettre à l’ouvrage. Ce fut le cœur gros,
et avec bien peu d’appétit que je fis ce triste repas ; mais j’en sentis
néanmoins les effets salutaires. Quand j’eus finis, je tombai à genoux,
et priai Dieu avec ferveur, implorant son divin appui dans ma détresse.
Pourquoi un vieillard, qui touche presque au terme de sa
carrière, hésiterait-il à avouer que, dans l’orgueil de sa jeunesse et
de sa force, il éprouva souvent combien l’homme est peu de chose
abandonné à lui-même ? Oui, je priai, et sans doute avec des dispositions
convenables ; car je sentis que la prière m’avait fait plus de