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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 23, 1845.djvu/328

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mes affaires. Pendant ce temps, M. Hardinge ne restait pas inactif, et s’occupait de Clawbonny. Lucie m’écrivait continuellement — au moins trois fois par semaine — pour me tenir au courant de tout ce qui se passait. Tout avait été rétabli sur l’ancien pied, dans la maison, à la ferme et au moulin. Le Wallingford avait recommencé ses voyages périodiques sur l’Hudson, et les troupeaux de tout genre étaient rentrés au bercail. Les nègres avaient été réinstallés ; Clawbonny était revenu à son ancien état ; seulement on avait profité de l’occasion pour repeindre la maison, que la parcimonie de M. Daggett l’avait empêché de défigurer par de prétendus embellissements modernes. En un mot, « maître Miles » manquait seul, pour que tout le monde fût heureux. Chloé avait demandé le consentement de « miss Lucie » ; et il fut convenu que Neb et son maître seraient mariés le même jour. Quant à Moïse, il avait demandé un congé pour aller à Willow Cove. J’ai sous la main une de ses lettres, qui rendra compte de sa conduite et de ses sentiments, beaucoup mieux que je ne pourrais le faire moi-même. La voici :


« Capitaine Wallingford ;

« Cher Monsieur et très-cher Miles — Voilà dix jours que j’ai jeté l’ancre ici ; et c’est un fameux mouillage que celui qui vous retient ainsi au milieu de votre famille. La bonne vieille, en me revoyant, a éprouvé une telle joie, qu’elle en a pleuré de tous les yeux de son corps. Quant à Kitty, elle riait, elle pleurait tour à tour ; elle ne savait plus où elle en était. Vous savez bien ce jeune Bright, que nous signalâmes dans notre croisière à la recherche du vieux Van Tassel ? il a entrepris tout de bon l’abordage du cœur de ma nièce, et la petite futée est bien près d’amener pavillon. Il est dur tout de même de perdre une nièce de cette manière, quand on vient à peine de la retrouver ; mais la chère mère dit à cela que je gagnerai un neveu, ce qui fera compensation.

« Un mot du vieux Van Tassel à présent. On a bien raison de dire que le Seigneur ne laisse jamais les coquins prospérer longtemps. Mère a retrouvé la quittance que le vieux fripon avait donnée dans le temps à mon père, et il a bien fallu qu’il rendît gorge. C’est une affaire terminée pour elle, mais non pour moi ; car je ne le tiendrai quitte, le misérable, que quand je lui aurai administré une correc-