Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/223

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et se trouvent sur le grand chemin qui conduit à la victoire. Votre idée me plaît beaucoup, sergent, et si vous arrivez à la mettre en pratique, j’espère que vous n’oublierez pas que vous avez un vieil ami qui veut être de la partie.

— Je ne pense pas que le capitaine soit charmé d’être questionné sur les sentiments de son fils et sur sa visite à la Hutte dans un temps comme celui-ci, dit un des Américains.

— Il a des entrailles de père, ce pauvre capitaine, s’écria Mike ; vous ne savez pas ce que c’est que d’être père, sans cela vous comprendriez ce qui doit se passer dans son esprit au moment où il voit son propre fils sous les griffes de ces diables furieux. Vous n’avez pas demandé, sergent, comment le major a pu entrer dans la maison sans être vu d’un vigilant soldat comme vous.

— Je suppose qu’il a obéi au commandement, et ce n’est pas le devoir d’un sergent de questionner son supérieur sur ce qui lui paraît sortir de la voie ordinaire. Je prends les choses comme elles se trouvent, et j’obéis aux ordres. J’espère seulement que le fils, comme un digne officier, n’est pas venu pour renverser l’autorité du père, ce qui ne serait pas bienséant, l’ancienneté et la supériorité ayant toujours droit au respect.

— Je pense plutôt, si un major au service du roi devait entreprendre de s’emparer du pouvoir ici, dit l’Américain, qu’il n’en trouverait pas beaucoup pour marcher à sa suite.

— Les mutins ne seraient pas bien traités s’ils osaient lever la tête dans cette garnison, répondit le sergent avec dignité. Le capitaine Willoughby et moi nous avons vu souvent des tentatives de rébellion dans les régiments, et nous n’avons été ni l’un ni l’autre témoins de leur réussite.

— Je voudrais bien savoir au service de qui il faut m’enrégimenter, dit un laboureur.

— Et ne sommes-nous pas au service de notre bon maître, de Son Honneur le capitaine Willoughby ? dit Jamie Allen. Puisse le Seigneur le préserver de tout danger !

Une discussion aurait pu s’engager après ces paroles, si l’attention ne se fût trouvée appelée à cet instant vers le tumulte qui avait lieu parmi les sauvages. Un mouvement semblait général, et Joyce ordonna à ses hommes de se tenir l’arme au bras ; il hésitait cependant à donner l’alarme. Au lieu de s’avancer vers la Hutte, les Indiens poussèrent un cri général, et suivant le pen-