Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/335

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— Prenons le plus bas, cria une voix de derrière. Il doit avoir suivi le ruisseau pour rejoindre les colonies de l’Hudson. Il l’a déjà fait une fois à ce que m’a dit Strides.

— Strides, répondit un autre qui était plus en avant, est un misérable poltron qui aime la liberté comme un porc aime le grain, pour l’amour du bien-être. Le major aura pris la colline qui le mènera sur les hauteurs, tout près de la garnison de la Hutte.

— Il y a des marques de pas sur la hauteur, fit observer un troisième ; pourtant elles semblent descendre au lieu de monter. Ce sont les traces de ceux qui l’ont aidé à s’échapper. Montons, et nous les tiendrons tous dans dix minutes ; montons, montons.

Tous ces hommes s’élancèrent dans le sentier placé au-dessus de la tête de Willoughby, ardents à la poursuite et se flattant du succès. Nick n’attendit pas plus longtemps, il se laissa glisser au bas du rocher et fut bientôt dans le sentier qui conduisait à la Hutte. Les fugitifs se trouvaient encore exposés au danger de faire une rencontre, mais heureusement il ne leur arriva rien, et ils passèrent le pont en sûreté. Nick tourna tout à coup vers le nord et s’enfonça dans les bois en suivant le chemin des bestiaux, par lequel il était descendu dans la vallée, il y avait bien peu de temps. Ils ne s’arrêtèrent pas. Willoughby entoura Maud de son bras et l’emporta avec rapidité. Moins de dix minutes après l’évasion du prisonnier, les fugitifs atteignaient la chute d’eau et la plaine de l’étang. Comme on ne pouvait raisonnablement supposer que les ennemis eussent passé de ce côté de la vallée, il était inutile de se hâter, et Maud put respirer un moment.

Le temps d’arrêt fut court, notre héroïne elle-même ne pouvant se figurer que le major serait en sûreté avant d’avoir franchi les palissades. C’est en vain que Willoughby essaya de calmer ses craintes. Les nerfs de Maud étaient excités et les tristes nouvelles qui lui restaient à annoncer pesaient sur son esprit.

Nick leur donna bientôt le signal d’avancer et ils tournèrent la plaine comme l’avaient déjà fait Maud et son guide. Quand ils atteignirent un endroit favorable, l’Indien les fit arrêter de nouveau et alla sur la lisière du bois pour faire une reconnaissance. Ses deux compagnons furent satisfaits de cet arrangement. Willoughby était impatient de dire de vive voix à Maud ce qu’il lui avait si bien fait