Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus proches parents, et qui continuaient à la regarder comme leur fille. Elle aurait donné tout au monde pour adresser à Bob quelques questions sur le parent dont il avait parlé, mais elle ne pouvait le faire devant sa mère ; elle se décida à attendre que le jeune homme pût satisfaire à ses demandes sans inconvénient.

Nick s’avançait en regardant les fortifications avec étonnement ; il arriva près de la table avec cet air indifférent qui le caractérisait, puis il s’arrêta en jetant encore les yeux sur les ouvrages récents.

— Vous le voyez Nick, je redeviens soldat dans mes vieux jours, dit le capitaine. Il y a quelques années que vous et moi ne nous sommes rencontrés dans une ligne de palissades. Que pensez-vous de nos travaux ?

— Quoi faire de cela, capitaine ?

— C’est pour nous défendre des Peaux-Rouges qui peuvent arriver avec l’envie de nous scalper.

— Et pourquoi scalper ? la hache pas déterrée ; enfoncée si profondément que pouvoir pas être retrouvée avant dix, deux, six ans.

— Oui-dà, ce serait long, vraiment ; mais vous autres, gentilshommes rouges, vous avez l’adresse de l’arracher avec promptitude quand l’occasion s’en présente. Je suppose que vous savez, Nick, qu’il y a des troubles dans les colonies.

— On a parlé autour de Nick, répondit l’Indien d’une manière évasive, Nick pas lire, pas entendre, pas causer beaucoup, causer le plus avec l’Irlandais, pas comprendre lui.

— Mike n’est pas très-lucide, je le sais, répondit le capitaine en riant, mais c’est un brave homme, toujours disposé à rendre service.

— Pauvre tireur, tirer un but et toucher l’autre.

— Il n’est pas bon carabinier, je l’admets, mais il s’entend à manier le shillelah. Vous a-t-il donné quelques nouvelles ?

— Tout ce qu’il dit, nouvelles, beaucoup de nouvelles ; dix plutôt qu’une. Capitaine, prêté à Nick un quart de dollar hier.

— Certainement, Nick ; je suppose que vous l’aviez dépensé d’avance chez le meunier pour du rhum. Dois-je comprendre que vous voulez me le rendre ?