landaises, d’une voix pleine de force et de douceur en même temps. Quand il eut fini, et qu’on battait encore des mains, il dit à M. Worden qu’il fallait maintenant porter un toast à quelque dame.
— Allons, mon révérend, vous avez fait merveilles tout à l’heure comme prédicateur ; maintenant il faut nous montrer votre galanterie.
— Une dame, monsieur ? demanda le ministre qui alors était aussi en train que personne.
— Oui, oui, une dame ! répétèrent six ou sept voix à la fois, la dame du révérend !
— Eh ! bien, messieurs, très-volontiers, puisque vous le voulez absolument. J’espère que du moins vous la trouverez assez vénérable, — à notre sainte mère l’Église !
On rit à gorge déployée, et l’on félicita le ministre de sa présence d’esprit. M. Van Brunt me dit alors solennellement que c’était mon tour.
— Messieurs, le nom que je vais vous proposer est presque aussi céleste : à miss Anneke Mordaunt !
— À miss Anneke ! répétèrent tous les convives, et je m’aperçus qu’Anneke avait déjà fait grande sensation à Albany.
— À vous, Guert.
Cet appel changea toute l’expression de la figure de Guert ; il devint grave, comme si celle dont il allait prononcer le nom arrêtait l’élan de sa gaieté folle. Il rougit, puis levant les yeux et regardant autour de lui d’un air ferme, comme pour défier qu’on lui donnât un démenti, il s’écria :
— À miss Mary Wallace !
— Parbleu, Guert, j’aurais pu la nommer d’avance, dit Van Brunt un peu sèchement ; car voilà plus de dix fois que je vous l’entends proclamer depuis deux mois.
— Et vous n’êtes pas au bout, monsieur, car jamais je n’en proclamerai d’autre, tant qu’elle restera Mary Wallace. — Eh bien, monsieur le constable ! quelle est donc la raison qui nous procure l’honneur de votre visite à cette heure de la nuit ?