Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 25, 1846.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fut prêt, et que les havresacs furent sur nos épaules, non pas sur celles des Indiens, qui condescendent rarement à porter des fardeaux, occupation bonne pour les femmes, Sans-Traces prit les devants dans la direction qu’il avait indiquée.

L’Onondago méritait bien son nom, à ce qu’il me parut, à la manière dont il se glissait, plutôt qu’il ne marchait, à travers cette sombre forêt, sans marques, sans chemins, sans signes d’aucune espèce que d’autres du moins pussent remarquer. Il nous fallait tous nos efforts pour le suivre. Il ne regardait ni à droite ni à gauche ; mais il allait droit en avant guidé par son instinct, comme le fin limier qui suit la piste invisible du gibier qu’il poursuit. Cette marche précipitée dura dix minutes, après lesquelles Traverse commanda une nouvelle halte, et nous nous réunîmes en conseil.

— À quelle distance d’ici pensez-vous que doive être l’arbre, Onondago ? demanda l’arpentenr dès que toute la troupe se fut rangée en cercle ; j’ai mes raisons pour le demander.

— À ce nombre de minutes, répondit l’Indien en levant les quatre doigts et le pouce de sa main droite ; le chêne à la cime brisée, avec les marques du Visage Pâle, est là.

La précision des indications de Susquesus, la confiance qu’il manifestait, me surprenaient beaucoup ; car je ne pouvais concevoir qu’un être humain pût être positivement sûr de son fait, dans les circonstances où nous nous trouvions placés. Il l’était pourtant, et l’événement le prouva bientôt. Cependant Traverse s’occupa des dispositions qui lui restaient à prendre.

— Puisque l’arbre est si près, dit-il — car l’arpenteur ne mettait pas un seul instant en doute l’exactitude des renseignements fournis par l’Indien, — la ligne tracée ne saurait être bien loin. Elle s’étend du nord au sud de ce côté, et nous devons la traverser bientôt. — Allons, vous autres, dit-il à ses hommes, dispersez-vous et cherchez les arbres noircis ; car, une fois sur les limites de la concession, je réponds de trouver toutes les indications qui sont mentionnées sur la carte.

Les agents de l’arpenteur obéirent aussitôt, et ils s’échelonnèrent à droite et à gauche, de manière à pouvoir explorer une plus grande étendue de la forêt. Quand ils furent prêts, on fit