Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 27, 1847.djvu/194

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sont paufres. La piple nous dit que le malheur des paufres est leur pauvreté.

— Oui, oui, mais la bible n’a pas grande autorité en politique. Le jour du sabbat est réservé pour la bible ; mais les jours de la semaine sont consacrés aux affaires publiques et particulières. Maintenant, voilà Hughes Littlepage de la même chair et du même sang que mon voisin Holmes et moi, ni meilleur ni plus mauvais ; oui, j’accorde qu’il n’est pas plus mauvais, à tout prendre, quoiqu’en beaucoup de choses nous puissions réclamer la préférence ; mais j’admets qu’il n’est pas plus mauvais. Eh bien ! chacun de nous prend à bail une ferme de M. Littlepage, avec cent acres de terre. Cette terre, nous la labourons, nous la semons de nos propres mains, des mains de nos fils, quelquefois de mains que nous louons ; et cependant nous avons à payer annuellement cinquante dollars à ce jeune Littlepage ; et cet argent il le prend et le dissipe où il veut en libertinage et en dérèglements. Or, c’est-il juste, je te demande et n’est-ce pas une chose intolérable pour un pays républicain ?

— Et fous pensiez que le cheune Littlepage dépense son archent en libertinache dans le pays étrancher ?

— Certainement ; c’est ce que tout le monde dit ici ; et j’ai vu un homme qui en connaît un autre, lequel a une connaissance qui est allée à Paris et qui raconte à ses voisins qu’un jour qu’il se tenait devant le palais du roi, il a vu les deux Littlepage entrer pour payer « leur tribut à César » comme on dit ; et l’on m’assura que tous ceux qui vont voir le roi doivent se mettre à genoux et lui baiser la main, quelques-uns disent le pied. Sauriez-vous par hasard comment cela se fait dans les vieux pays ?

— Ce n’est pas ainsi. Ch’ai fu plus de rois qu’une demi-douzaine, et l’on ne se met pas à chenoux, et l’on n’embrasse pas la main, excepté dans certaines cérémonies. On n’entend pas touchours ce qui est frai dans ce pays.

— Eh bien ! je ne sais pas trop ; je n’ai jamais été là pour voir. C’est ce que j’ai entendu dire. Mais pourquoi devons-nous payer à ce jeune Littlepage une rente qu’il dépense en débauches ?

— Che ne sais pas, à moins que fous n’ayez affermé sa terre, et que fous n’étiez convenu de lui bayer une rente ; dans lequel cas il faut faire ce que fous êtes convenu.

— Mais quand le contrat est d’une nature monarchique, je dis