Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui devint toute blanche en un instant. La chute de la neige était si abondante que bientôt il fut impossible de voir à une douzaine de mètres, et que toute la plaine de l’île disparut sous la même couche. C’est dans ce moment peu propice que nos aventuriers entreprirent de quitter la montagne.

Il est toujours moins dangereux de gravir une montagne que d’en redescendre. Roswell le sentait bien, et il aurait proposé d’attendre que l’atmosphère s’éclaircît, mais il craignait qu’il ne fallût attendre trop longtemps.

Il résolut donc de suivre Dagget, quoique à contre-cœur, et avec toute la prudence possible. Stimson fermait la marche.

Pendant les dix premières minutes, nos aventuriers s’avancèrent sans beaucoup de difficulté. Ils observèrent le point exact ou ils avaient gravi la montagne, et ils commencèrent à la redescendre. On vit bientôt combien la prudence était nécessaire, car la neige rendait les sentiers glissants. Dagget était plein de hardiesse, et il marchait en-tête de ses compagnons, leur disant de le suivre et de ne rien craindre. C’est ce qu’ils firent, quoique avec beaucoup plus de prudence que celui qui les conduisait. Ils arrivèrent enfin tous les trois dans un endroit où il sembla qu’il leur était impossible de triompher des obstacles qu’ils rencontraient. Au-dessous d’eux était la surface unie d’un rocher déjà couverte de neige tandis qu’ils ne pouvaient voir assez loin devant eux pour découvrir où menait cette surface inclinée. Dagget, cependant, prétendit qu’il connaissait l’endroit, et qu’ils venaient tous de le traverser, il y avait, suivant lui, un grand banc de rochers au-dessous d’eux, et une fois sur ce banc, il y aurait un long détour à faire pour atteindre certain ravin qui offrirait une route assez facile. Ils se rappelaient bien le banc de rochers et le ravin ; toute la question était de savoir si le premier se trouvait au-dessous d’eux, et aussi près que Dagget le supposait. Celui-ci se laissa entraîner par un excès d’audace, et il refusa même une corde que lui tendit Roswell, s’asseyant sur la neige, et se laissant glisser en avant. Il eut bientôt disparu.

— Qu’est-il devenu ? s’écria Roswell s’efforçant de percer l’espace du regard : on ne le voit pas !