Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sante, on eût cru qu’elle était exposée à l’air depuis des siècles. Le sable était parfaitement net et luisant, d’une belle couleur dorée, et il était couvert de coquillages de la plus belle eau et d’une grosseur remarquable. L’odeur qu’ils exhalaient était le seul indice qu’ils eussent été si récemment habités ; mais c’était un inconvénient auquel l’action toute-puissante du soleil aurait bientôt remédié, et notre marin se promit de rendre une seconde visite à la baie, qu’il appela la Baie des Coquillages, pour lui ravir une partie de ses trésors. Que n’eût-il pas donné pour pouvoir les offrir à Brigitte ! Mais du moins il en ornerait sa cabine, et il se figurerait tout le plaisir qu’elle aurait eu à les admirer. Après avoir fait un petit souper au pied de la source, Marc étendit un matelas qu’il avait eu soin d’emporter, et il ne tarda pas à s’endormir.

Le lendemain, avant de partir, Marc se baigna, comme il le faisait tous les matins, et souvent même le soir. Après les fatigues de la journée, comme après le repos de la nuit, il y puisait de nouvelles forces. Qu’avait-il à désirer ? Il avait des vivres en abondance et avec son superflu il pouvait même faire le bonheur de son petit troupeau. Il était sûr de ne jamais épuiser la collection de vêtements de toute espèce qu’il avait trouvée à bord, et voilà qu’à toutes ces ressources s’ajoutait maintenant une eau délicieuse qui de tous côtés semblait sortir de terre pour ses besoins. Ses possessions venaient de prendre un tel accroissement qu’il lui faudrait plusieurs mois pour les explorer complétement, ce qu’il se promettait de faire. Partout, en un mot, il retrouvait le doigt de Dieu ; aussi, chaque jour, ne manquait-il jamais de se mettre en rapport avec lui, non par de simples prières murmurées du bout des lèvres, mais par ces mouvements ardents et passionnés où l’âme passe tout entière, et que la foi seule peut donner.

Après avoir traversé la Baie des Coquillages, la Brigitte continua à suivre la direction du sud-ouest par une passe assez large qui la conduisit à une pointe que Marc reconnut pour celle de la Fourche. Il n’avait plus qu’à suivre le chemin qu’il avait pris