Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/156

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qu’il avait cru distinguer encore dans le calme de la nuit, avaient cessé de se faire entendre. Il n’y avait donc aucune crainte de danger ; et cependant, au moment d’approcher du théâtre où la nature venait de déployer toute sa puissance, Marc ressentait une sorte de sainte terreur. Les pensées qui l’absorbaient le suivirent jusqu’à une heure avancée de la nuit, et lorsqu’il se leva, ses paupières n’étaient pas restées longtemps fermées, bien qu’il n’éprouvât aucune fatigue.

C’était dans une direction tout à fait nouvelle qu’il allait naviguer ; et pour gagner la pleine mer par le passage le plus favorable, il avait à traverser le petit détroit qui séparait le Récif de la longue chaîne de rochers sur laquelle il avait fait une longue excursion à pied le lendemain du tremblement de terre. Pour donner passage au mât de l’embarcation, il lui fallait enlever le pont qu’il avait construit ; mais il pouvait le faire sans inconvénient. Le troupeau était déjà acclimaté, et Kitty elle-même avait quitté le Sommet sans regret, pour venir s’établir dans ces nouveaux pâturages. Elle ne s’était pas contentée de la visite qu’elle avait faite avec son maître ; elle était trop de son sexe pour qu’un seul voyage pût satisfaire sa curiosité.

Après avoir traversé plusieurs passes qui se succédaient sans se ressembler, les unes étroites et sinueuses, les autres larges et directes, la Brigitte atteignit vers midi la pointe méridionale. Marc calcula qu’il était au moins à vingt milles du Récif, et c’était à peine si le Pic paraissait plus près que lorsqu’il était parti. Il y avait là matière à de sérieuses réflexions sur la distance, et le résultat fut que Marc se décida à passer le reste du jour où il était, afin d’avoir une journée tout entière devant lui avant de se mettre en mer. Il n’était pas fâché en même temps d’explorer la côte et les îles des environs, afin de connaître à fond le groupe entier. Il chercha donc un emplacement commode pour amarrer son bateau, et il partit à pied, armé de son fusil, suivant son habitude.

La passe qui, au sud des groupes, conduisait à la pleine mer, était bien différente de celle qu’il avait suivie à l’est. La baie qui