Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/242

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prise était bonne, et Marc résolut d’en profiter. Il choisit un homme parmi les prisonniers, et l’envoya porteur d’une branche de palmier vers Waally, avec des propositions d’échange. Il ne lui était pas difficile de se faire comprendre des Indiens, puisque Brown et Wattles, pendant leurs trois ans de captivité, avaient appris la langue, qu’ils parlaient avec une grande facilité.

Il se passa quelque temps avant que Waally consentit à se fier à l’honneur de ses ennemis. Enfin l’amour paternel l’emporta, et bientôt Marc vit venir à bord de son schooner le chef, sans armes, et il se trouva face à face avec son terrible adversaire. Il avait affaire à un sauvage aussi rusé qu’intelligent. Néanmoins Waally ne put cacher son amour pour son fils, et Marc Woolston tira parti de cette affection. Le sauvage offrit pour la rançon de son fils des canots, des robes de plumes, des dents de baleine, toutes choses fort estimées de ces peuplades ; mais ce n’était pas là l’échange que voulait Marc. Il offrit de rendre le jeune homme aussitôt que les cinq matelots, encore prisonniers des Indiens, seraient à bord du schooner ; sinon, il recommençait les hostilités.

Waally sentit dans son cœur un violent combat entre l’affection paternelle et le désir de garder ses prisonniers. Au bout de deux heures de subterfuges, de ruses et de détours, l’amour l’emporta et un traité fut conclu suivant ces conditions : le schooner devait piloter la flotte indienne jusqu’au Groupe des îles Betto, ce qui était d’autant plus facile que Marc connaissait non-seulement leur position, mais même leur latitude et leur longitude. Aussitôt arrivé aux îles, Waally s’engageait à envoyer un messager aux cinq marins, et à rester lui-même à bord de l’Abraham jusqu’après l’échange consommé. Le chef voulait introduire dans le traité une clause par laquelle les colons se fussent engagés à l’aider à renverser définitivement Ooroony, qui était plutôt tenu en bride que soumis ; mais Marc refusa de souscrire à de telles propositions. Il était plus disposé à seconder qu’à attaquer le bon Ooroony, et il résolut même de chercher à avoir une entrevue avec lui avant de retourner au Récif.