Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/243

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Marc n’aurait pu de quelque temps prévenir Brigitte de l’absence qu’il méditait de faire, sans la sollicitude de Bob. Celui-ci voyant les voiles du schooner disparaître à l’horizon, sous le vent, arma la Neshamony, et suivit de loin pouvant, en cas de naufrage, être fort utile à Marc. Il accosta l’Abraham juste au moment où le traité venait d’être conclu, et à temps pour pouvoir rapporter les nouvelles au Cratère avant la nuit. Tout étant bien convenu, on se sépara : Bob rebroussa chemin, et le gouverneur, sous peu de voilure, mit la barre au nord-ouest, et fut suivi par tous les canots, catamarans, etc., de Waally, à un mille de distance.


CHAPITRE XIX.


Adieu ! — Pourquoi ce mot cause-t-il tes alarmes ?
Ainsi qu’un glas de mort, il fait couler tes larmes !
Malheur comme bonheur ici-bas n’a qu’un jour !
L’espérance, au départ, nous promet le retour.
Bernard Barton



L’Abraham vogua sous peu de voilure, et pendant près de trois jours, avant d’être en vue des îles de Waally. Il mit en panne au vent des îles, et les canots passèrent dans leurs ports respectifs, laissant le schooner au large, avec les otages à bord, jusqu’à l’accomplissement du traité. Le lendemain Waally reparut lui-même, amenant avec lui Dickinson, Harris, Johnson, Edwards et Bright, les cinq matelots du Rancocus qu’il avait si longtemps retenus prisonniers. Le sauvage relâchait sa proie avec peine ; mais l’ambition le céda à l’amour paternel. Quant aux matelots, aucune expression ne saurait peindre leur joie. Ils étaient heureux, non-seulement de recouvrer leur liberté, mais encore de tomber dans les mains de pareils sauveurs. Ce surcroît d’équipage faisait de l’Abraham une puissance dans cette partie du monde. Avec douze hommes, tous robustes, courageux et pleins de santé, pour manœuvrer le schooner, avec deux caronades et une pièce de six, le gouverneur pensa pou-