Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/280

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cinq mille saules, l’opération consistant tout simplement à enfoncer un bout de branche dans la terre. Pour la rapidité de la végétation, nous ne pourrions en donner une idée, même en la comparant à celle des parties les plus fertiles de l’Amérique.

Enfin, après un si long voyage, Marc revenait au domicile qu’il s’était choisi. Son bâtiment était là, rempli de mille objets qui devaient ajouter au bien-être de toute la colonie. Il y eut un moment où le cœur de Marc fut inondé de bonheur ; la coupe était pleine, et elle aurait débordé s’il eût pressé sa femme et ses enfants dans ses bras ; mais Brigitte ne fut pas oubliée. À peine une demi-heure s’était-elle écoulée depuis l’arrivée du bâtiment, que Bob s’élançait dans la Neshamony et faisait voile vers le Pic pour y porter l’heureuse nouvelle, et pour ramener au Récif la femme de son gouverneur. Il devait être de retour vers le coucher du soleil, grâce à la marche rapide du petit navire ; mais il n’eut pas besoin d’aller jusqu’au Pic. À peine avait-il doublé le Cap-Sud et était-il entré dans le détroit, qu’il rencontra l’Abraham faisant voile vers le Récif. Il paraît que l’on avait remarqué du Pic, à quelques signes, les intentions hostiles de Waally, ainsi que le départ de sa flotte de l’île Rancocus ; on avait tenu conseil, et il avait été décidé que l’Abraham irait avertir les habitants du Récif de l’imminence du danger, et les aider à repousser les Indiens. Brigitte, voulant veiller sur quelques objets de valeur déposés dans la « maison du gouverneur », au Sommet, était montée à bord du schooner, accompagnée de Marthe.

Nous laissons au lecteur le soin de s’imaginer la joie qui éclata à bord de l’Abraham à la nouvelle du retour du Rancocus ! Pour Brigitte, sa joie tenait du délire ; plus que jamais elle persista dans sa détermination d’aller au Récif et d’y mener ses enfants avec elle. Après les premiers transports et les explications nécessaires, on s’entendit sur ce qu’il y avait à faire. Brown commandait l’Abraham, dont l’équipage était suffisant : Bob l’envoya au large observer l’ennemi dans la direction du vent. Il fallait obli-