Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/339

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qu’ils avaient pu obtenir de Waally, dans une relâche à son île, les avait mis sur la voie d’une proie plus sûre et peut-être plus avantageuse.

Marc ne craignait point pour le Pic. Fût-on parvenu à découvrir l’entrée de l’Anse, ce qu’il ne croyait pas probable, ses défenseurs, retranchés dans une position si admirable, ne pouvaient manquer de repousser les assaillants. Mais le Récif était bien plus exposé, et le gouverneur comprit qu’il ne pouvait pas différer plus longtemps de s’y rendre, et que sa place était là. Si le Récif tombait au pouvoir des pirates, il faudrait des années pour réparer une pareille perte ; et, ce qui était plus triste encore à penser, il pourrait devenir leur rendez-vous général, dans leurs infâmes expéditions. Le gouverneur Woolston fit gréer une chaloupe, et s’embarqua dans l’après-midi. Sa femme voulait l’accompagner, mais il n’y voulut pas consentir ; car il s’attendait à une rude besogne, et il songeait même à diriger toutes les femmes sur le Pic. Brigitte n’insista pas, et, elle chercha même à dissimuler sa douleur, afin de donner le bon exemple aux autres épouses, qui étaient aussi obligées de se séparer de leurs maris.

À mi-chemin, la chaloupé aperçut une embarcation qui semblait suivre la même direction qu’elle. C’était l’Anna qui revenait, après avoir été donner l’alarme aux pêcheurs, et le capitaine Betts était à bord. C’était une double bonne fortune pour le gouverneur. L’Anna était l’embarcation la plus rapide de la colonie, et il était important d’y placer le quartier général. La plus légère après elle était la Marthe, et la chaloupe fut dépêchée au Récif pour lui dire de venir immédiatement rejoindre le gouverneur, qui allait se diriger vers la Baie des Baleiniers, afin de s’assurer de l’état des choses sur ce point.

Arrivé à la Baie, Marc vit que déjà les pêcheurs étaient sur leurs gardes, et qu’on prenait toutes les précautions commandées par les circonstances. Mais pourrait-on bien compter sur la fidélité des Kannakas ? Il en avait plus de quarante réunis sur ce point, qui avaient été engagés soit pour extraire l’huile,