CHAPITRE V.
Le fils du roi, vous dis-je, est débarqué dans l’île.
Je l’ai vu, de mes yeux, sur la plage stérile,
Assis, les bras croisés, dans des pensers amers,
Et poussant des soupirs à rafraîchir les airs.
près avoir achevé ce premier examen du Cratère, Marc et
Bob regrimpèrent au sommet de la muraille, et allèrent s’asseoir
juste au-dessus de l’arche. C’était de là qu’ils pouvaient voir le
mieux, non-seulement la petite île dans toute son étendue, mais
Océan qui l’entourait. Marc commença à comprendre le caractère
de cette singulière formation géologique, au milieu de
laquelle le Rancocus avait été dirigé comme par la main de la
Providence. Il était assis en ce moment sur le point le plus élevé
d’une montagne sous-marine d’origine volcanique, sous-marine
à l’unique exception du Cratère qui lui servait d’asile, et des
blocs de lave dont il était entouré. Ces blocs, qui ne s’élevaient
guère au-dessus de la surface de l’Océan en cinquante endroits
qu’il pouvait apercevoir à peu de distance, formaient les innombrables
brisants dont nous avons parlé ; mais excepté le récif
de Marc, nom que Bob donna sur-le-champ à l’île principale,
deux ou trois îlots détachés qui n’en étaient qu’à une encâblure,
et quelques autres plus éloignés, où les oiseaux semblaient
se donner rendez-vous, aucune autre terre n’était visible à
quelque distance que ce fût.
Marc chercha à calculer jusqu’où pouvaient s’étendre les écueils dont il était entouré. Comparant ses observations actuelles à celles qu’il avait pu faire du bord, il évalua à une douzaine de lieues marines la zone qu’embrassaient les ramifications de la montagne volcanique. Si, dans son travail d’enfantement, la terre eût fait quelques efforts de plus sans doute on au-