Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/83

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soit seul et dans des circonstances critiques, il sent alors son insuffisance, et se tourne humblement du côté de cette main divine qui seule peut le relever.

Ce fut sous l’impression de ces pensées que Marc et Bob passèrent leur premier dimanche sur le Récif. Le jeune marin lut d’un bout à l’autre l’office du matin tandis que Bob écoutait avec attention. La différence de leurs croyances religieuses ne se trahit que par une circonstance assez singulière pour ne pas être passée sous silence. Malgré leurs premières relations qui avaient commencé sur le pied de l’égalité, malgré l’âge de Bob et cette communauté de sentiments et d’intérêts établie entre eux par leurs malheurs communs, celui-ci n’avait pas cessé de montrer à son officier le respect dû à son grade. Cette déférence ne s’était jamais démentie, et, depuis leurs tristes aventures, il n’était pas entré une seule fois dans la cabine sans ôter son bonnet. Mais dès que les prières commencèrent, il le remit sur sa tête, comme pour témoigner de sa fidélité aux pratiques de ses pères ; se faisant un point d’honneur d’imiter ce qu’il les avait toujours vus faire dans leurs assemblées, et ne voulant pas que son compagnon pût croire qu’il était homme à se laisser convertir. Marc observa aussi que, dans le cours de la journée, Bob le tutoya deux ou trois fois, ce qui ne laissait pas de produire un singulier effet dans la bouche du vieux matelot.

L’un et l’autre éprouvèrent l’efficacité du précepte divin qui recommande l’observation du dimanche. Marc se sentit beaucoup plus résigné à son sort qu’il ne l’aurait cru possible, et Betts déclara qu’il ne manquerait rien à son bonheur, s’il avait seulement une meilleure embarcation, non pas que le canot n’eût beaucoup de bonnes qualités ; mais il était trop petit.

Après le service religieux, pour lequel nos marins avaient fait leur barbe et s’étaient habillés, ils firent ensemble un tour sur le Récif, tout en causant de leurs affaires. Bob dit alors à Marc, pour la première fois, qu’il devait y avoir quelque part dans la cale la charpente et tous les matériaux d’une pinasse, que le