Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/85

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que aussi infranchissable que le tombeau ; et le cœur humain, dans sa détresse, ne manque jamais de se tourner vers Dieu, comme vers l’unique source de consolation. C’est dans la prospérité que l’homme s’étourdit follement, s’imagine qu’il se suffit à lui-même, et, dans ce fatal aveuglement, oublie son créateur.

Le lendemain, les deux amis reprirent leurs travaux ordinaires avec une nouvelle ardeur. Pendant que l’eau pour le thé bouillait, ils roulèrent à terre deux futailles vides et les remplirent d’eau à l’un des réservoirs naturels les plus considérables, car il était tombé beaucoup de pluie pendant la nuit. Après le déjeuner, Marc alla examiner son monceau de limon dans le Cratère, tandis que Bob partait sur le canot pour pêcher quelques poissons, et prendre un nouveau chargement de limon. Marc se promit de l’accompagner la fois suivante sur le radeau, qui avait encore besoin, toutefois, de quelques dispositions pour servir à cet usage. La pluie avait tellement détrempé le limon, que Marc, qui en porta quelques parcelles à ses lèvres, reconnut qu’elle avait emporté une grande partie du sel qu’il contenait. Il y avait de quoi l’encourager dans ses projets de jardinage. Le printemps ne faisait que commencer, et il avait l’espoir de pouvoir préparer au moins une couche assez à temps pour y voir pousser des légumes.

Nous avons déjà vu que la cargaison du Rancocus n’était pas d’un grand prix, le commerce entre l’homme civilisé et le sauvage ayant lieu ordinairement d’après les grands principes du libre échange, dont on a tant parlé depuis quelques années, tout en les comprenant si peu, et qui le plus souvent n’ont d’autre résultat que de donner la part du lion à ceux qui en ont le moins besoin ; mais du moins il s’y trouvait une grande quantité de planches de toute forme et de toute grandeur, et Marc en prit quelques-unes pour faire un plancher pour son radeau. Il venait de terminer, lorsque Bob rapporta une nouvelle provision de limon. Il fut décidé qu’on entreprendrait sur-le-champ un nouveau voyage avec le radeau et le canot tout à la fois.

L’amas de substances végétales que Betts avait découvert,