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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/86

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était beaucoup plus considérable et d’un accès plus facile que Marc ne l’avait espéré. On pouvait y faire cent voyages sans craindre de l’épuiser et, suivant toute apparence, on y trouverait de quoi étendre une couche épaisse de terre sur une étendue de plusieurs acres, — qui sait ? sur toute la plaine du Cratère. Le premier soin de notre jeune ami fut de choisir un emplacement convenable, de bien le bêcher, de mêler au limon une quantité suffisante de guano, et alors d’y semer des asperges, opération après laquelle il donna sur sa couche un coup de râteau. Pendant ce temps, Bob avait complété le chargement du canot et du radeau, qu’ils ramenèrent au Cratère, l’un remorquant l’autre.

Les quinze jours qui suivirent se passèrent dans des occupations analogues. Aucun ne s’écoulait sans qu’on eût rendu une ou plusieurs visites au « Rocher du Limon », comme ils appelèrent leur nouveau grenier d’abondance, et jamais les embarcations ne revenaient à vide.

Cependant la journée entière n’était pas exclusivement consacrée à ces voyages. Au contraire, mille petits travaux s’achevaient en même temps, tantôt par nécessité, tantôt par prévoyance. Par exemple, toutes les futailles furent successivement remplies d’eau douce car les pluies pouvaient cesser bientôt, et il était bon de prendre ses précautions, quoique la provision d’eau du Rancocus fût loin encore d’être épuisée. On était parti avec d’excellente eau de Delaware, et les futailles avaient été remplies à Valparaiso. Marc les compta, et, à raison de dix gallons par jour pour Bob et pour lui, ce qui était une ration beaucoup plus que suffisante, il calcula qu’ils en avaient pour deux ans. Sans doute ce n’était pas cette boisson rafraîchissante après laquelle on aspire dans les grandes chaleurs Marc eût préféré se désaltérer à quelque source jaillissante, telle qu’il en rencontrait dans ses chères promenades avec Brigitte ; Bob n’avait pas oublié non plus certain puits qui servait à l’usage de sa famille depuis des générations ; mais en dépit de ces retours vers le passé, nos marins n’avaient pas sujet de se plaindre. L’eau qu’ils