Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/417

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gédier trop brusquement nos personnages. Nous allons donc esquisser un abrégé très-succinct de ce qui leur arriva dans la suite de leur vie, regrettant que les limites que nous nous sommes imposées ne nous permettent pas de retracer plus au long des scènes joyeuses ou frappantes qui pourraient nous donner l’espoir de voir encore quelques-unes de nos esquisses grossières animées par le crayon habile de Dunlap[1].

Suivant donc le cours de la frégate vers ces rivages loin desquels nous n’aurions peut-être jamais dû permettre à notre plume vagabonde d’errer comme elle vient de le faire, nous commencerons notre tâche par Barnstable et son épouse, Catherine aux yeux noirs, à l’humeur tour à tour gaie et mélancolique, toujours tendre et affectueuse. Le vaisseau se fraya bravement un chemin à travers des essaims de croiseurs ennemis, jusqu’au port de Boston, où les services de Barnstable furent récompensés par une promotion au rang de capitaine, et par le commandement de sa frégate.

Pendant tout le reste de la guerre, il continua de remplir ce poste avec autant de zèle que de talent, et il ne retourna dans la demeure de ses ancêtres, dont la mort de son père le mit bientôt en possession, que lorsque la paix eut assuré l’indépendance de son pays, et qu’il eut acquis la réputation d’être un marin aussi heureux qu’entreprenant. Quand le gouvernement fédéral jeta les fondations de sa marine actuelle, le capitaine Barnstable se laissa tenter par l’offre d’une nouvelle commission. Il abandonna de nouveau la terre ferme, et pendant plusieurs années il fut du nombre de ces braves marins qui servirent leur patrie si fidèlement dans des temps qui exigeaient des têtes expérimentées et des esprits entreprenants. Pendant la paix, Catherine, qui n’avait pas d’enfants, l’accompagna dans presque tous ses voyages, préférant partager sa vie dure, laborieuse et pleine de privations, plutôt que d’en être séparée. Ils descendirent gaiement ainsi, et, à ce que nous espérons, heureusement le fleuve de la vie, et Catherine démentit entièrement la prédiction ironique de son tuteur, en devenant une femme aussi obéissante qu’elle était tendre et fidèle.

Le jeune Merry, qui avec le temps devint un homme, ne s’éloi-

  1. Artiste américain.