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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/107

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— Vous n’en faites pas parade avec dureté, Monsieur ; vous n’en faites pas même parade du tout. Cependant, ils se montrent d’eux-mêmes ; et c’est précisément ce que je n’aime pas regarder. Maintenant, ce qui est vrai de moi, est vrai de tous mes voisins. Nous appelons aristocratie tout ce qui est au-dessus de nous, quoi que ce soit. Je pense quelquefois que Esquire Dunscomb est une sorte d’aristocrate dans le barreau. Pour ce qui est de notre cliente, elle a cent manières, qui ne sont pas celles de Dukes, à moins que vous n’alliez dans la haute volée.

— Mais les mille…

— Allons donc ; nous savons mieux que cela, Esquire. Ce n’est pas de « mille » que se compose la classe privilégiée, comme on le croit d’ordinaire, mais d’un, ou de deux, à le bien prendre. Tout inculte et grossier que j’étais, avant que vous me prissiez par la main, Monsieur, je puis dire la différence qui existe entre ceux qui ont des gants paille et un tilbury, et ceux qui sont faits pour en avoir. Notre cliente n’a ni l’un ni l’autre, et c’est ce qui m’étonne. Elle n’a rien autour d’elle qui sente les hauts quartiers de nos villes ; mais elle est du bon coin. Il y a une chose en particulier qui, j’en ai peur, peut lui être préjudiciable.

— C’est le bon coin qui circule plus facilement de main en main. Mais quelle est donc cette source particulière de persécutions ?

— C’est que notre cliente a une dame de compagnie.

— Que voulez-vous dire avec votre dame de compagnie ?

— La Française qui est avec elle depuis quinze jours. Soyez-en sûr ; elle ne nous fera pas de bien dans le cours de notre procès. Je vous le dis, votre cliente a aussi des façons trop aristocratiques.

Dunscomb rit aux éclats. Puis, passant la main sur son front, il parut méditer.

— Tout cela est très-sérieux, reprit-il enfin, et n’est réellement pas risible. Nous avons à traverser un pas difficile, si l’administration de la loi doit être influencée par de telles considéra-