tête ; que Marie Monson, la prisonnière ici à la barre, connaissait l’existence de ce petit amas de pièces d’or ; qu’elle l’a tenu dans ses mains, et sans doute convoité ; demeurant dans la même maison, ayant un facile accès dans la ruelle du lit du couple infortuné, pouvant pénétrer facilement jusqu’au bureau, se procurer les clefs, car les tiroirs furent trouvés fermés, absolument comme mistress Goodwin avait l’habitude de les laisser ; eh bien ! Messieurs, si tout cela vous est démontré, et que nous retrouvions ensuite la pièce susdite dans la poche de Marie Monson, nous établirons primâ facie le cas de culpabilité, comme on peut le concevoir ; car elle est tenue de prouver qu’elle est venue légalement en possession de ladite pièce, et par des moyens honnêtes. Sans quoi, votre devoir sera clair.
Il incombe à l’accusation d’établir ses assertions, soit par une preuve directe, d’après les serments de témoins dignes de foi, ou par des circonstances telles qu’elles ne laisseront aucun doute dans votre esprit sur la culpabilité de l’accusée. Il est également nécessaire que nous montrions que les crimes, dont la prisonnière est accusée, ont été commis, et commis par elle.
Messieurs, nous vous présenterons cette preuve. Nous vous montrerons que les squelettes, dont je vous ai parlé, et qui sont étendus sous le drap mortuaire, tristes restes d’une scène cruelle, sont sans contredit les squelettes de Pierre et de Dorothée Goodwin. Cela vous sera montré les preuves à la main, bien que ceux qui les connaissaient tous deux puissent à peine reconnaître une ressemblance dans ces tristes restes d’êtres humains ; Pierre Goodwin, comme on l’établira, était un homme très-petit, mais trapu, tandis que Dorothée, sa femme, était d’une grande taille. Les squelettes sont tout à fait conformes à cette description. On les trouva dans le bois charbonné du lit dont se servait habituellement le couple infortuné, et à l’endroit même où ils avaient passé auparavant tant de nuits dans la paix et la sécurité. Tout contribue à constater l’identité des personnes dont les restes ont été trouvés, et je regrette que ce soit mon devoir d’ajouter que tout contribue à faire reconnaître dans la prisonnière l’auteur de ces meurtres.