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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/334

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— Eh bien, quand elle parlait à la tante Dorothée, elle ne parlait pas comme j’avais l’habitude d’entendre parler les autres personnes.

— En quoi consistait la différence ?

— Elle était plus relevée dans son langage et comme plus prétentieuse.

— Voulez-vous dire qu’elle avait le verbe haut ?

— Non ; moins haut peut-être que le vulgaire, mais ça ressemblait plus à un livre ; ce n’était pas commun.

Dunscomb comprit tout cela à merveille, aussi bien que le sentiment qui dictait ces paroles ; mais il vit qu’il n’en était pas de même du jury, et il fut forcé d’abandonner les recherches sur ce point, comme il arrive souvent en pareille occasion, vu l’ignorance de ceux qui sont appelés à entendre le témoignage. Il renonça au contre-interrogatoire de la sœur de Burton ; l’accusation fit alors comparaître à la barre la femme de ce dernier.

Celle-ci, issue d’un sang différent, n’avait aucun des traits caractéristiques de ses belles-sœurs, qui étaient bavardes, hardies, assez empressées à porter témoignage : elle était silencieuse, réservée dans ses manières, pensive, et en apparence si craintive, qu’elle trembla de tout son corps en étendant la main sur le livre sacré.

Mistress Burton passait pour une excellente femme parmi toutes celles qui habitaient à Biberry ou dans les environs, et l’on accordait plus de confiance à ses révélations qu’à celles de ses belles-sœurs. Une grande modestie, pour ne pas dire une grande timidité, un air de candeur singulière, une voix faible et douce, une expression d’inquiétude dans la physionomie, comme si elle pesait la valeur de chaque syllabe, tout cela ne tarda pas à lui gagner la sympathie et la confiance des assistants. Chaque mot qu’elle proférait avait une influence directe sur la cause, d’autant plus qu’elle mettait une certaine répugnance à porter témoignage et semblait peu disposée à faire des révélations.

La déposition faite par mistress Burton dans son interrogatoire lors de l’instruction ne différait pas matériellement de celles de ses belles-sœurs. À certains égards elle en savait plus que celles qui