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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/364

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quelques hommes qui se laissent guider par leur vanité, quand ils s’imaginent n’être conduits que par leur conscience. Ces malignes influences leur étaient inconnues à eux-mêmes ; car aucun des douze n’était absolument corrompu, mais aucun n’était digne, ni par sa nature, ni par son éducation, de prononcer dans une cause où une vie humaine était en jeu.

— Je ne savais pas, reprit Marie Monson, qu’on fût encore obligé, en Amérique, d’étaler ses livres de compte, et de montrer ses inscriptions de rentes ou ses hypothèques, pour ne pas être pendu. On m’a dit que le crime devait être prouvé d’une manière tout à fait incontestable pour entraîner condamnation. Qui peut dire qu’une semblable preuve ait été produite dans ma cause ? On n’a même pas établi comme une certitude qu’un homme eût été tué. Des témoins très-respectables ont attesté que, selon eux, ces tristes restes de notre pauvre humanité étaient ceux de deux femmes. On n’a pas démontré non plus qu’il y eût eu quelqu’un d’assassiné. Le feu peut avoir été accidentel, et la mort une simple conséquence du feu, sans que personne ait été coupable.

— Vous oubliez, Marie Monson dit le juge, que le vol et la pièce d’or trouvée dans votre bourse donnent une vraisemblance à la supposition du crime. Les jurés ont été sans aucun doute influencés par ces faits, qui, après tout, sont des faits importants. Personne ne peut le nier ; et je crois que vous ne tenez pas compte de ce point de vue dans votre cause. Cependant si votre conseil a quelque bonne raison à présenter, qui autorise à différer la sentence, la Cour l’entendra avec plaisir. La justice n’est pas impatiente ; elle aime mieux retirer son bras que de l’étendre. Peut-être, Marie Monson, feriez-vous bien de laisser à votre conseil le soin de nous proposer vos objections, et de nous les présenter dans les formes voulues.

— Je ne vois pas grande utilité à différer la sentence, fit remarquer Dunscomb avec assez de calme, vu la circonstance ; elle doit être prononcée, et toute question légale, vint-il à s’en offrir une à mon esprit, quoique j’avoue n’en entrevoir aucune en ce moment, peut aussi bien être soulevée après cette formalité qu’avant.