Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/106

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chemin ; il s’agit sûrement de quelque consultation sur les nouveaux exercices qu’on vous fait faire.

Le grenadier secoua la tête d’un air de doute, et reprit sa marche lente et régulière. Quelques minutes après, Lionel se trouva près de la porte basse d’Abigaïl Pray, où il s’arrêta un instant, frappé du contraste qui existait entre le seuil triste et solitaire qu’il allait franchir et le brillant portique qu’il venait de quitter. Pressé cependant par son impatience, il frappa doucement à la porte ; après avoir recommencé plusieurs fois avec une force toujours croissante, ne recevant aucune réponse, il leva le loquet et entra dans le vieux magasin sans plus de cérémonie. Le grand appartement dans lequel Lionel se trouva était triste et silencieux, comme les rues obscures qu’il venait de parcourir. Après avoir quelque temps cherché son chemin à tâtons vers la petite chambre de la tour où il se rappelait que la mère de Job était lors de leur première entrevue, il la trouva, mais sombre et vide comme celle qu’il quittait. Il se disposait à sortir, assez mécontent, lorsqu’un faible rayon de lumière, qui s’échappait à travers une des fentes du plafond, vint éclairer le bas d’une espèce d’échelle qui conduisait à l’étage supérieur. Après avoir hésité un moment, Lionel céda au désir de trouver le vieillard, et monta le plus doucement possible ce qu’on ne pouvait appeler un escalier.

Le premier étage était divisé comme le rez-de-chaussée ; une grande chambre formait le milieu, et une plus petite était pratiquée dans chaque tourelle. En suivant la pâle clarté de la chandelle qui l’avait attiré jusque là, il se trouva sur le seuil d’une de ces petites pièces, et il y vit l’homme qu’il cherchait. Le vieillard était assis sur une chaise mutilée, la seule qui se trouvât dans la chambre, et devant lui, sur la botte de paille qui paraissait lui servir de lit, d’après les vêtements qui la couvraient, était déployée une grande carte de géographie qu’il semblait étudier avec la plus grande attention. Lionel hésita de nouveau, ne sachant s’il devait interrompre ses méditations, et contempla un moment les longs cheveux blancs qui couvraient le front et les tempes de Ralph tandis qu’il se baissait pour mieux voir la carte, et qui rendaient plus grave et plus imposante encore sa physionomie déjà si remarquable.

— Je viens vous chercher, dit à la fin Lionel, puisque vous ne me trouvez plus digne de vos soins.