Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/140

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accessoires convenables, avant de sortir de chez lui ; mais il n’en est pas de même de nous. Deux mille hommes de troupes anglaises ne doivent pas courir comme s’ils étaient en fuite, quand ce ne serait que pour l’honneur des armes de Sa Majesté. Non, non, le brave Percy connaît trop bien ce qu’il doit à son illustre naissance et au nom qu’il porte, pour vouloir que les troupes qu’il commande aient l’air de fuir un rassemblement de goujats séditieux.

La nouvelle de Lionel était pourtant vraie, car, après une courte halte, qui permit à peine aux soldats de satisfaire leur besoin le plus pressant, les tambours donnèrent le signal du départ, et Polwarth, comme plusieurs centaines d’autres, fut forcé de se lever et de se remettre en marche, sous peine de rester abandonné à la fureur des Américains courroucés.

Tant que les troupes s’étaient reposées, les pièces d’artillerie de campagne avaient tenu les colons à une distance respectueuse ; mais dès qu’on se remit en marche, ils se rapprochèrent, et les attaques recommencèrent avec plus d’impétuosité que jamais. Les excès commis par les soldats, qui, chemin faisant, avaient pillé et incendié plusieurs maisons, avaient aigri encore davantage les esprits de leurs ennemis ; et il ne se passa pas vingt minutes avant que plusieurs attaques simultanées fussent dirigées sur leurs flancs de droite et de gauche, avec plus d’acharnement que jamais.

— Plût au ciel que Percy voulût nous former en ordre de bataille et nous donner le champ libre avec ces Yankees ! dit Polwarth en se traînant péniblement avec l’avant-garde ; ce serait l’affaire d’une demi-heure, et l’on aurait alors la satisfaction de se voir victorieux, ou du moins d’être tranquillement détendu parmi les morts.

— Bien peu de nous verraient le soleil se lever demain, dit Lionel, si nous laissions une nuit aux Américains pour se rassembler en plus grand nombre, et une halte d’une heure pourrait nous faire perdre tous les avantages d’une marche forcée. Mais courage, mon ancien camarade, vous allez vous faire une réputation éternelle d’activité ; voici un parti qui descend de cette hauteur pour vous donner de l’occupation.

Polwarth jeta sur Lionel un regard de découragement, et lui dit en soupirant :