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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/325

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la soif de la vengeance d’une part, et son humanité naturelle de l’autre. Mais, sans parler du capitaine, combien ne trouve-t-on pas d’hommes qui oublient l’influence de l’humanité quand ils sont en proie à des passions plus tumultueuses et plus violentes ! Pendant le temps qu’il lui fallut pour se frayer un chemin jusqu’au grand et sombre appartement qui formait le rez-de-chaussée de cet édifice, il parvint à se monter l’esprit à un degré de colère qui ne s’accordait ni avec son caractère ni avec son rang. Il écouta même avec un plaisir inconcevable les menaces et les exécrations qui remplissaient le bâtiment ; mais enfin tout ce qu’il entendait lui fit craindre que la fureur des soldats ne mît obstacle, par trop de promptitude, à l’exécution de la moitié de son projet, la découverte de ce que Lincoln était devenu. Agissant d’après cette nouvelle impression, il repoussa les soldats avec une énergie prodigieuse, et prit une position d’où il pourrait plus facilement agir comme il le jugerait à propos.

Le peu de jour qui restait suffisait encore pour faire découvrir Job Pray, placé au milieu du magasin, sur un misérable grabat, dans une telle attitude qu’on n’aurait pu dire s’il était couché ou sur son séant. L’état dans lequel il se trouvait semblait exiger la première position, mais sa peur faisait qu’il avait essayé de prendre la seconde. Les larges taches rouges qui lui couvraient le visage, et ses yeux gonflés, annonçaient qu’indépendamment de ce qu’il était exposé à la fureur d’une soldatesque effrénée, il se trouvait attaqué de la maladie contagieuse qui exerçait depuis longtemps ses ravages dans la ville. Autour de cet être assailli en même temps par la maladie et la pauvreté, étaient rassemblés quelques soldats plus hardis que les autres, dont la plupart étaient des grenadiers de Royal-Irlandais, tandis que leurs compagnons plus timides exhalaient leur rage en jurant et en criant à une plus grande distance de l’atmosphère infectée. Les membres froissés et ensanglantés de l’idiot prouvaient qu’il avait déjà souffert plus d’un mauvais traitement ; heureusement les soldats qui le tourmentaient ainsi n’avaient pas leurs armes, sans quoi la scène n’aurait pas été si longue. Mais, malgré son état de faiblesse et en dépit des dangers qui l’entouraient de toutes parts, Job regardait ses persécuteurs avec un air stupide, et endurait avec patience les coups qu’on lui portait.

À la vue de ce spectacle révoltant, la colère de Polwarth com-