Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 5, 1839.djvu/380

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Réfléchissez donc s’il vaut mieux pour vous emmener captive une femme dans votre camp, ou bien un homme comme moi, que ceux de votre nation ne seront pas fâchés de savoir désarmé.

— La Longue-Carabine offre-t-il sa vie pour racheter ma captive ? demanda Magua en revenant sur ses pas d’un air indécis ; car déjà il s’éloignait avec sa victime.

— Non, non, je n’ai pas été jusque-là, dit Œil-de-Faucon, montrant d’autant plus de réserve que Magua semblait montrer plus d’empressement à écouter son offre ; l’échange ne serait pas égal. La meilleure femme des frontières vaut-elle un guerrier dans toute la force de l’âge, lorsqu’il peut rendre le plus de services à sa nation ? Je pourrais consentir à entrer maintenant en quartier d’hiver, du moins pour quelque temps, à condition que vous relâcherez la jeune fille.

Magua branla la tête avec un froid dédain, et d’un air d’impatience il fit signe à la foule de le laisser passer.

— Eh bien ! donc, ajouta le chasseur de l’air indécis d’un homme qui n’a pas encore d’idées bien arrêtées, je donnerai le tueur de daims par-dessus le marché ; croyez-en un chasseur expérimenté, il n’a pas son pareil dans toutes les provinces.

Magua dédaigna de répondre, et continua à faire des efforts pour disperser la foule.

— Peut-être, ajouta le chasseur, s’animant à mesure que l’autre semblait se refroidir, si je m’engageais à apprendre à vos jeunes guerriers le maniement de cette arme, vous n’auriez plus aucune objection à me faire ?

Le Renard-Subtil ordonna fièrement aux Delawares qui formaient toujours une barrière impénétrable autour de lui, dans l’espoir qu’il écouterait ces propositions, de lui laisser le chemin libre, les menaçant par un geste impérieux de faire un nouvel appel à la justice infaillible de leur prophète.

— Ce qui est ordonné doit arriver tôt ou tard, reprit Œil-de-Faucon en regardant Uncas d’un air triste et abattu. Ce méchant connaît ses avantages, il n’en veut rien perdre ! Dieu vous protège, mon garçon ; vous êtes au milieu de vos amis naturels, j’espère qu’ils vous seront aussi attachés que quelques-uns que vous avez rencontrés dont le sang était sans mélange. Quant à moi, un peu plus tôt, un peu plus tard, il faut que je meure ; j’ai d’ailleurs peu d’amis qui pousseront le cri de mort quand j’aurai cessé de