Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/397

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant Edwards, dont on venait d’entendre la voix, descendit du rocher. Il était accompagné du major Hartmann, qui le suivait avec une vitesse surprenante pour son âge. Ils arrivèrent tous deux sur la terrasse en moins de deux minutes, et entrèrent ensemble dans la caverne, laissant tous les spectateurs dans l’attente de ce qui allait se passer.


CHAPITRE XL.


Je suis muet. — Êtes-vous le docteur ? — Je ne vous ai pas reconnu !
Shakespeare.



Pendant les cinq ou six minutes qui se passèrent avant qu’Edwards et le major Hartmann reparussent, M. Temple, Richard Jones, et la plupart des volontaires montèrent sur la terrasse, et ceux-ci, après avoir fait le récit de leurs prouesses pendant l’action, commencèrent à se communiquer leurs conjectures sur le résultat qu’aurait leur expédition. Mais la vue des deux pacificateurs sortant de la caverne ferma toutes les bouches.

Sur un fauteuil de bois, couvert de peaux de daim écrues, ils portaient un vieillard qu’ils placèrent avec soin et respect au milieu de l’assemblée. Il avait la tête couverte de longs cheveux aussi blancs que la neige. Ses vêtements, d’une propreté soignée, étaient semblables à ceux des premières classes de la société, mais usés jusqu’à la corde et rapiécés ; il avait aux pieds une chaussure pareille à celle que portaient les chefs indiens, et travaillée avec le plus grand soin. Son air était grave et son maintien plein de dignité ; mais ses yeux, sans expression, qui se tournaient tour à tour sur tous ceux qui l’entouraient, n’annonçaient que d’une manière trop certaine qu’il était arrivé à cet instant où la vieillesse rend à l’esprit toute la faiblesse de l’enfance.

Natty, placé derrière le fauteuil et appuyé sur son fusil, montrait, au milieu de ceux qui s’étaient réunis pour l’arrêter, une tranquillité qui prouvait qu’il était occupé d’intérêts qui lui paraissaient plus puissants que les siens. Le major Hartmann,